mercredi 18 avril 2012

Mali – difficulté de retour à la paix

Climat de tension après la vague 
d’arrestations d’hommes politiques
 
. Le climat est tendu à Bamako après la vague d’arrestations de poids lourds du monde politique malien par des hommes armés de l’ex-junte depuis lundi dernier. Alors que le nouveau Premier ministre malien de transition Cheick Modibo Diarra consulte ce mercredi 18 avril 2012 en vue de former son gouvernement, les proches de l’ancien chef de gouvernement Modibo Sidibé sont sans nouvelles de lui et on ne connaît pas les raisons de son incarcération ni celle des autres détenus.
 
Près de vingt-quatre heures après son arrestation de nuit à son domicile par des hommes armés, les proches de Modibo Sidibé, très inquiets, n’avaient toujours aucune nouvelle de lui.
Impossible d’établir le moindre contact avec l’ancien Premier ministre détenu dans le camp des ex-putschistes de Kati. Impossible de connaître également les raisons de son incarcération, tout comme celle des autres détenus de l’ex-junte.
Une situation dénoncée par le nouveau président intérimaire, Dioncounda Traoré : « J’ai aussitôt saisi le capitaine Sanogo pour dire que dans un Etat de droit, ce ne sont pas des choses qui se font. Et en premier, de s’occuper de la question. Je pense donc que c’est un problème qui va trouver son dénouement. »
Pour protester contre cette troisième arrestation de Modibo Sidibé, mais aussi celle de Soumaïla Cissé, du directeur général de la police, de l’ancien ministre de la Défense et de l’ex-chef d’état-major d’Amadou Toumani Touré, des jeunes hostiles à la junte ont décidé de manifester ce matin sous les fenêtres de l’hôtel Salam, où séjourne actuellement Dioncounda Traoré.

Cheick Modibo Diarra nommé Premier ministre, d’autres personnalités visées par des enquêtes

Le Mali a un nouveau Premier ministre en la personne de l'astrophysicien Cheick Modibo Diarra. Sa nomination intervient alors que lundi 16 avril 2012 au soir et mardi matin plusieurs personnalités politiques, dont Cheick Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé, et des chefs militaires ont été arrêtés. L'ex-junte a précisé mardi soir, dans un communiqué, que les personnes arrêtées faisaient l'objet d'enquêtes de police judiciaire «sur la foi d'indications précises et d'informations graves et concordantes».

Les soldats n'ont pas encore lâché les rênes du pouvoir à Bamako. La désignation de Cheick Modibo Diarra ainsi que la vague d'arrestations de leaders politiques et de chefs militaires démontrent avec force que, jusqu'à nouvel ordre, l'essentiel de l'autorité se trouve toujours au camp Soundiata Keita de Kati.
C'est dans cette enceinte militaire qu'ont été conduites toutes les personnalités arrêtées et c'est encore là que se trouvait mardi 17 avril, en début de journée, le futur Premier ministre. Cheick Modibo Diarra est en effet le choix de l'ex-junte et de la Cédéao bien plus que celui des politiques maliens. Parmi ces derniers, certains considèrent d'ailleurs avec ironie que cet astrophysicien connaît bien mieux les problèmes de Mars que ceux du Mali.
Un astrophysicien Premier ministre du Mali
A 60 ans, Cheick Modibo Diarra est avant tout connu pour avoir fait partie de l'équipe de la Nasa qui a fait atterrir une sonde sur la planète Mars. Il obtient à cette époque la nationalité américaine. Il deviendra ensuite le premier directeur général de l'université virtuelle d'Afrique basée à Nairobi. Il est depuis 2006 président de Microsoft Afrique.
Nommé ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco, il parcourt le monde. Mais Cheick Modibo Diarra n'en est pas moins malien. Natif de Segou, il s'est lancé l'an passé dans la politique. En vue de la présidentielle qui devait se tenir ce 29 avril, il crée son parti politique le RpDM, le Rassemblement pour le developpement du Mali. Dans la presse malienne, il affirmait sentir l'aspiration du peuple au changement.
Selon des témoignages de proches, Cheick Modibo Diarra est un homme affable qui sait soigner son image. «Les gens croient que je suis allé sur la planète Mars» aime-t-il raconter, croyant à la force des apparences. Cheick Modibo Diarra connaît bien Blaise Compaoré le médiateur de la crise malienne. Frère de l'ancien vérificateur général du Mali il est également le gendre de Moussa Traoré renversé par un coup d'Etat en 1991. C'est à la suite d'un autre coup d'Etat qu'il est aujourd'hui propulsé à la primature.
Instaurer un climat de terreur
Au sein de la classe politique malienne on estime que l'objectif inavoué des rafles lancées lundi soir est d'instaurer un climat de terreur pour permettre aux militaires de se maintenir au pouvoir.
Dioncounda Traoré président intérimaire s'est entretenu avec le capitaine Sanogo au sujet des arrestations. Le reportage de notre envoyé spécial
Près de 24h après son arrestation par des hommes armés, de nuit à son domicile, les proches de Modibo Sidibé, très inquiets, n'avaient toujours aucune nouvelle de lui. Impossible d'établir le moindre contact avec l'ancien Premier ministre détenu dans le camp des ex-putschistes de Kati. Impossible de connaître également les raisons de son incarcération... une situation dénoncée par le président intérimaire Dioncounda Traoré...
La première victime collatérale de ces arrestations est Dioncounda Traoré. Les militaires du CNRDRE n'ont pas caché leur défiance à l'égard du président par intérim. Ils ne l'ont pas informé avant de lancer les interpellations et aujourd'hui ils continuent de faire pression pour qu'une autre personnalité soit trouvée pour conduire la transition après la période intérimaire. Si elle n'est pas tranchée auparavant, cette question devrait être abordée le 26 avril lors d'un nouveau sommet de la Cedeao consacré au Mali.
                                                                                                                                           (Source : RFI)

Afrique – Nations Unies

Le Conseil de Sécurité de l’ONU planche sur l’envoi d’une force en Guinée-Bissau

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira jeudi 19 avril 2012 pour débattre de la situation en Guinée-Bissau, une semaine après le coup d’Etat militaire du 12 avril. La création d’une force d’interposition sous l’égide des Nations unies est une des options préconisées. A Bissau, le PAIGC, l’ex-parti au pouvoir, a appelé, ce mercredi 18 avril 2012, à l’envoi de cette force.
La réunion du Conseil de sécurité a été annoncée par le secrétaire exécutif de la CPLP, Domingos Simões Pereira à l’agence portugaise Lusa. La CPLP, présidée par l’Angola, a voté, deux jours après le coup d’Etat en Guinée-Bissau et lors d’une réunion à Lisbonne, une résolution envisageant la création d’une force d’interposition sous l’égide de l’ONU, en accord avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine et l’Union européenne.
Depuis, la récente mission de la Cédéao à Bissau n’a pas permis le rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’Union africaine a, pour sa part, suspendu la Guinée-Bissau de toutes ses instances et menacé les putschistes de sanctions. Cet exemple a été suivi par la Francophonie qui, à son tour, vient de suspendre ce pays, membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1979.
Retour en fonction de Carlos Gomes Junior et reprise du processus électoral
Dans une interview accordée à RFI et à l’Agence France Presse, au siège du PAIGC, le secrétaire national du parti, Augusto Olivares, a été très clair : si les militaires sont prêts à rétablir l’ordre constitutionnel comme ils l’ont dit à la Cédéao, ils doivent alors permettre le retour dans leur fonction du président de la République par intérim, Raimundo Pereira, et du Premier ministre, Carlos Gomes Junior, qui ont accédé à ces fonctions par la volonté du peuple.
Selon Augusto Olivares, non seulement Carlos Gomes Junior, qui a été arrêté après l’attaque de son domicile, jeudi dernier, doit être libéré, mais il doit également pouvoir participer au second tour de la présidentielle, puisqu’il en a remporté le premier. « Nous exigeons que le second tour ait lieu », a réclamé le secrétaire national du PAIGC.
Déploiement d’une force de stabilisation internationale
Augusto Olivares a aussi contesté la légalité de la mise en place du conseil national de transition, annoncé ces derniers jours. Cette solution est « anticonstitutionnelle et anti-démocratique », a-t-il souligné.
Il n’a pas non plus hésité à demander le déploiement d’une force de stabilisation internationale dans son pays car, d’après lui, vu l’intervention constante des militaires dans les affaires politiques, seul un appui ferme de la communauté internationale permettra de retrouver le chemin du développement.
De son côté, l’armée a, pour l’instant, une version très différente des choses et ne veut pas entendre parler d’un retour de Carlos Gomes Junior. Dans une interview accordée à RFI et à l’AFP, le lieutenant-colonel Daba Na Walna a averti qu’il ne voulait pas du retour de Carlos Gomes Junior au poste de Premier ministre.
Lors de cette même interview, le lieutenant-colonel Daba Na Walna a par ailleurs esquivé les questions sur la reprise du processus électoral ou encore la formation du conseil national de transition.
Concernant la libération des personnalités emprisonnées, notamment l’ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior et le président intérimaire Raimundo Pereira, ils seront libérés quand « les conditions de sécurité seront réunies », a affirmé le porte-parole de la junte, sans plus de précisions.
La force militaire angolaise au banc des accusés
L’armée bissau-guinéenne ne veut manifestement pas se retrouver avec, sur son sol, des troupes qui l’empêcheraient d’intervenir comme elle le souhaite dans la vie politique. Le discours qui est déroulé par l’état-major bissau-guinéen depuis le coup de force sur la Missang - la Mission de coopération militaire angolaise déployée en mars 2011 dans le cadre d'un accord technico-militaire sur la réforme de l'armée et forte de quelque 700 hommes - en dit long.
Daba Na Walna, porte-parole de la junte, a une nouvelle fois mis en cause Carlos Gomes Junior, l’accusant d’avoir « remis aux autorités angolaises une lettre secrète dans laquelle il demanderait au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, d’envoyer une force militaire en Guinée-Bissau » et accusé l’Angola d’être « un pays expansionniste […] qui veut transformer la Guinée-Bissau en une province, en une colonie angolaise. Elle est en train de trop étendre son influence », a-t-il martelé.
Les militaires bissau-guinéens ont déclaré avoir déposé Carlos Gomes Junior parce que, selon eux, les troupes angolaises étaient prêtes à se mettre à son service et donc, de fait, à le protéger contre sa propre armée.
L’Angola dispose en Guinée-Bissau d’intérêts économiques importants, en particulier un projet d’exploitation d’une mine de bauxite dans la région de Boé, dans l’Est, et de construction d’un port en eau profonde à Buba, dans le Sud.
Face à la polémique, l’Angola avait annoncé, avant le coup d’Etat, le retrait de ses troupes, mais celui-ci n’a toujours pas commencé.
                                                                                                                                           (Source : RFI)

France – Afrique, malgré la présidentielle en France

Le Sénégal bénéficie d'un prêt de 
130 millions d'euros

Le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, et le président sénégalais Macky Sall à l'Elysée ce 18 avril
 En cette période électorale, Nicolas Sarkozy a reçu à l'Elysée le nouveau président sénégalais, ce mercredi 18 avril. C’est la première visite officielle de Macky Sall en France depuis son élection le 25 mars dernier. A l'issue du déjeuner, la France et le Sénégal ont signé un accord de défense ainsi qu'une convention de prêt de Paris à Dakar d'un montant de 130 millions d'euros.
   
Macky Sall et Nicolas Sarkozy ont donné, en début d'après-midi ce mercredi, une conférence de presse conjointe au palais de l'Elysée. Le président français a salué la bonne tenue de la démocratie sénégalaise.
Nicolas Sarkozy, président de la République française
« Après 10 ans sans élection, une nouvelle transition démocratique au Sénégal, c'est une victoire pour l'Afrique. Il faut espérer en l'Afrique, espérer en l'Afrique démocratique avec un homme comme Macky Sall. Et espérer dans l'avenir économique de l'Afrique. »
Le président sénégalais nouvellement élu s'est ensuite exprimé. Il a d'abord tenu à remercier la France pour son aide financière et a également demandé au président français de soutenir le Sénégal dans sa « politique de transparence ».
Macky Sall, président du Sénégal
« Je voudrais vous remercier surtout pour l'aide budgétaire de 130 millions d'euros [...]. Parce que dans le contexte dans lequel j'ai hérité du Sénégal, c'est un gros ballon d'oxygène que vous me donnez et que vous donnez au peuple sénégalais. »
                                                                                                                                        (Source : RFI)

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