mardi 30 novembre 2010

Vente d’objets usagés en plein cœur de Copenhague

Marché aux puces, vers une filière commerciale
Au centre ville de Copenhague au Danemark, se tiennent plusieurs marchés aux puces. Si ces marchés n’ont rien de différent à ce qu’on peut voir ailleurs dans le monde, il est à noter que ces marchés, comme ailleurs, alimentent un circuit commercial à l’origine d’une véritable filière transnationale.
Dans une ville européenne comme Copenhague, où les grands magasins rivalisent avec les grandes surfaces, on aurait pu croire qu’il n’y avait pas de place pour un marché aux puces. Mais plus qu’ailleurs, c’est le cœur de la capitale du Danemark qui abrite et à plusieurs endroits, ces marchés dits des pauvres qui reçoit également de nombreux riches.
La tranquillité des morts perturbée
Tout au long du cimetière entièrement peint de jaune qui domine le centre ville de Copenhague, tous les samedi, nombreux sont marchands d’une matinée qui s’installent pour rompre avec la rigueur habituelle qui caractérise cette ville de la Scandinavie. Juste une matinée. Car, cette exception à la norme, tolérée par les forces de sécurité, ne doit pas s’éterniser tout au long de la journée. A 14 heures, même si les tables d’exposition débordent encore de produits et que des clients étaient toujours là pour se servir, le marché doit s’arrêter. Autrement, la tolérance de la police a une limite et la suite peut être désagréable.
Comme ailleurs le samedi ou dimanche, ils sont plusieurs « vendeurs », généralement des arabes d’Afrique du Nord ou d’Asie, installés contre le mur de clôture du cimetière les samedi pour faire des affaires. Installés sur des tables de fortune, de nombreux articles de toutes sortes y trouvent leurs places. C’est le lieu où s’équipent nombre de copenhagois qui ne disposent pas forcément de moyens. Des vêtements jusqu’aux électroménagers, passant par des objets de décoration, des outils de toutes spécialités, des appareils électroniques et même des micro-ordinateurs ainsi que des objets de valeur et de grand luxe, tout y est pour répondre à la demande d’une clientèle pas toujours exigent mais très avisée.
Une clientèle variée
Au nombre des clients, on y rencontre, a priori, des ressortissants de toutes régions du monde à commencer par les autochtones danois. Dans une grande majorité, les ressortissants d’Afrique trouvent leur compte sur ce type de marché. Lorsqu’on observe de près, il est facile de remarquer que sur ce marché se côtoient des personnes de niveaux de vie peu comparables. Même s’il n’est pas possible de vérifier le portefeuille des personnes qui viennent se ravitailler sur ce marché, il est évident que les signes extérieurs visibles permettent de se faire une idée de la bourse et de la variété de la clientèle. Comme aux enchères, les plus nantis arrachent quelques fois aux autres des produits qu’ils ont pourtant commencé par négocier les premiers. Il arrive que les vendeurs ne cèdent pas à la pression des plus nantis en acceptant de perdre quelques couronnes danoises au nom de l’équité. Pour effectuer des achats sur ce marché, il faut se réveiller très tôt pour opérer les premiers choix. Mais là, on risque de prendre les produits à un prix élevé. Sinon, plus tard, alors qu’on n’est plus sûr de la qualité des produits, les prix baissent. Dans tous les cas, les achats se font par marchandage. En fait, le client intéressé par un produit opère son choix et interpelle le vendeur pour en savoir le prix. Là, il s’agit d’une mise-à-prix. L’acheteur à son tour revoie le pris proposé à la baisse. Suivant la disponibilité et l’humeur du vendeur, le client peut s’en sortir avec un prix sans commune mesure avec celui de lancement qui varie même d’un acheteur à l’autre pour le même produit. Tout comme si le vendeur proposait son premier prix en tenant compte de la tête du client. Pour ce qui concerne la qualité, c’est l’acheteur qui prend tous les risques. Un appareil électronique peut être vendu sans le moindre test. Il faut noter tout de même que pour certains produits très chers, certains vendeurs acceptent que l’acheteur aille tester le produit chez lui avant la clôture du marché. Dans ce cas, très rarissime, lorsque le produit ne répond pas positivement au test, il est retourné au vendeur.
Au nombre des clients qui viennent se ravitailler sur ce type de marché, il y a ceux qu’on peut désigner par « consommateurs finaux » et ceux qui ne sont que des revendeurs.
Le marché africain aussi…
Sur les marchés aux puces, on rencontre souvent des clients d’un genre particulier, généralement ressortissants du continent africain. Il s’agit de personnes qui viennent se ravitailler sur le marché aux puces en vue de procéder à un regroupement dans des containers qu’ils envoient par la suite en Afrique. L’objectif est simple : alimenter des boutiques ouvertes à cet effet pour y vendre ces produits acquis à vil prix et qui, quasiment, ne valent que par le coût de leur transport en direction de l’Afrique. Aussi, il importe de souligner que ces hommes d’affaires de type particulier se ravitaillent eux aussi sur le marché des objets abandonnés et disposent par ailleurs de ravitailleurs intermédiaires qui leur livrent des marchandises ramassées à travers la ville.
Du coup, il apparaît toute une filière qui naît et qui connaît une certaine croissance. Des offreurs désintéressés qui profitent de la situation pour se débarrasser de leurs objets encombrants dans un pays où la gestion de l’espace est une contrainte majeure ; les ramasseurs d’objets jetés qui sont soit des vendeurs du marché aux puces, soit des revendeurs à ces derniers ou aux collecteurs expéditeurs en direction de l’Afrique ; les boutiques, lieu de vente desdits produits dans les capitales africaines. Tout une filière à l’image de celle des véhicules d’occasion qui se développe désormais à grand pas en Afrique où même les fiscs trouvent leur compte.
Le ravitaillement
Sur les lieux, on voit stationner des camionnettes remplies de divers produits appartenant aux vendeurs et/ou à leurs ravitailleurs. Le ravitaillement se fait par ailleurs à des endroits insoupçonnés où les vendeurs du marché aux puces ne dépensent quasiment rien si ce n’est la force physique. En effet, il y a dans la ville de Copenhague des endroits où des copenhagois jettent les objets usagers ou même neufs dont ils n’ont plus besoin. Il s’agit de lieux très convoités par certains immigrants qui s’équipent sur place sans dépenser le moindre copeck. Aussi, les abords des maisons des familles nanties sont des lieux de récupération de divers objets de valeur. C’est à ces endroits de collecte et de pré collecte que commence le ravitaillement de produits qui franchiront, pour la grande majorité, des territoires situés à des milliers de kilomètres de Copenhague. Territoires inconnus des Copenhagois, fournisseurs passifs d’un marché en devenir. Un marché assimilable à une poubelle qui ne dit pas son nom.
ART


Loisir
Le samedi soir d’un « noir » à Copenhague
Comme toutes les grandes villes du monde, celle de Copenhague Offre une gamme variée d’opportunités de loisir. Les samedi soir, l’animation est à son comble. Des débits de boissons aux snack-bars en passant par les discothèques, toutes les attractions sont disponibles pour satisfaire le public avec des distractions des plus saines aux moins recommandables. Dans un environnement de liberté comme celui du Danemark, le noir, pour s’offrir des moments de loisir doit prendre en considération certaines restrictions.
Etre un noir et vouloir passer des moments de loisir à Copenhague nécessite un minimum de précaution. Si dans bien de circonstances la ville de Copenhague peut offrir à un noir tout l’espace dont il a besoin pour passer de merveilleux moments de gaieté seul ou en groupe, ce n’est pas le cas Partout. A certains endroits, où la couleur de la peau compte pour avoir accès aux salles de loisir il y a des restrictions non écrites mais très respectées.
Le samedi soir, à Copenhague, à 21 heures déjà, nombreux sont les noirs qui commencent par s’installer pour se faire une place afin de passer une soirée festive. La musique, l’alcool, le tabac, la femme, etc. sont au rendez-vous. Les jeunes gens, d’origine africaine, amoureux de toutes les formes d’abus, ne se privent pas de ces instants « magiques » qui leur permettent de rompre avec les incertitudes liées à leur avenir dans un pays lointain. Avec cent couronnes danoises, on peut se tailler une place telle un  privilégié, en tout cas, on s’en donne l’impression. Aux environs de 23 heures déjà, la fête est à son comble. La musique, ici, généralement du Pop, du Funk et le Rock N’Roll de préférence, bat son plein. Les jeunes gens ne se font pas prier pour offrir le spectacle du fait de leurs gestuels qui ne répondent pas forcément aux règles de la danse telles que pratiquées dans les écoles. Lorsqu’on n’est pas un habitué des coins dits chauds, on n’a rien à y chercher. Sinon, la brutalité dans les gestes, les disputes passagères, bref, la violence tout court, fait de ce lieu, au regard de celui qui n’en est pas un habitué, un endroit où règne l’insécurité. A certains moments, la présence des tessons de bouteilles, généralement aux entrées des discothèques, est révélatrice d’un état de fait. D’ailleurs, les passages à intervalle réguliers des véhicules de la police est symptomatique d’une réalité redoutable à la limite. Malgré cette liberté d’expression que les noirs se sont octroyés dans cet environnement de liberté à outrance, le racisme s’invite de temps en temps dans la nuit à Copenhague.
Le racisme dans le loisir
A Elmegarde, un coin chaud de Copenhague qui était toujours animé et quasiment toutes les nuits, une discothèque a la réputation de faire parler d’elle dans un genre singulier et comme d’autres situé dans les encablures de la gare centrale. En effet, dans certains coins chauds de la ville de Copenhague la présence de noirs est quasiment indésirable, comme si ces derniers ne savaient pas s’amuser à la suite d’une longue semaine de dur labeur. Lorsque ceux-ci s’approchent de l’entrée de ces coins qu’on peut qualifier de racistes, l’indifférence des gorilles baraqués qui s’interposent ne donne même pas la possibilité de négocier le passage. Et lorsqu’on insiste, le regard réprobateur qu’ils jettent est comme un conseil à la compréhension pour ne pas s’exposer à un châtiment corporel. Pourtant, il arrive que des personnes de peau noire se voient exceptionnellement le passage libre.
Sur tout autre plan, le fait d’avoir la peau noir est un facteur limitant pour se trouver une compagnie d’une nuit. De l’observation générale, lorsque, dans les encablures de la Gare centrale le noir solitaire décide de se permettre le luxe de s’accorder une compagnie de femmes danoise, il se heurte généralement à une indifférence qui lui fait regretter l’initiative. Pourtant, il y a quelques couples de jeunes gens de races noire et/ou blanche qui s’offrent en spectacle en se livrant, en pleine rue, à des parties de plaisir sans acte sexuel bien entendu.
Les « paires torrides » de la nuit
Par un samedi soir du mois d’octobre 2010, après 23 heures, les bus du transport en commun roulaient toujours et observaient les arrêts en laissant entrer et sortir de nombreux copenhagois tantôt très pressés et visiblement occupés, tantôt nonchalants à la devanture d’une discothèque, un bar ou un bistrot.
Devant une salle qui vomit d’importants décibels, un autobus s’arrête. Une paire de femmes saute à terre et coure pour rentrer dans la discothèque comme pour éviter d’être mouillé par la fine pluie intermittente qui dictait sa loi aux Copenhagois cette nuit là. A l’intérieur, un moment debout comme pour y retrouver des amis avec lesquels elles ont rendez-vous. Mais il n’en est rien. Après deux minutes de fouille aux yeux, les deux femmes s’installent et se font servir aussitôt deux bouteilles de boissons alcoolisées.
Deux jeunes gens les abordent. Après quelques secondes d’échanges sourire aux lèvres, les  deux gentlemen abandonnent la paire de femmes sans afficher un air de regret. Et pour cause, quelques minutes plus tard, leurs bouteilles en mains, les deux jeunes femmes se lèvent et s’accrochent l’une à l’autre comme pour se réchauffer à la naturelle. Peu à peu, les deux jeunes femmes se frottent l’une contre l’autre comme si elles dansaient sous les airs d’une musique douce. Mais il en n’est rien. Car, la musique éblouissante qu’émettait le DG était tout sauf douce. Le pop et le rock étaient les supports qui faisaient monter les décibels dans ce coin chaud de Copenhague.
Soudain, la musique prend davantage de l’ampleur et les deux jeunes femmes, tout en gesticulant à la manière d’un couple, se serrent davantage et les voici en train de s’embrasser tel un couple en chaleur. Elles viennent ainsi de révéler à ceux qui ne comprenaient pas l’attitude des jeunes hommes qui venaient de les abandonner sourire aux lèvres qu’il s’agissait d’un couple homosexuel de femmes. Plus loin, dans la même salle et un peut plus discret, c’est un couple d’hommes qui se délectait des moments de plaisir sans se soucier des regards indifférents des voisins. Ainsi, se poursuivra cette soirée dans les coins chauds de Copenhague où riment plaisir et racisme dans une ambiance de quasi-démesure. Comme quoi, dans une cité de liberté, le loisir est tout libre mais pas sans restriction hélas.
A R T


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