jeudi 7 février 2013

Bénin-Financement de la décentralisation

Ce que coûtent les communes à l’Etat
Près de 12 milliards de franc Cfa ont été mis à la disposition des 77 communes du Bénin en 2012 soit directement par l’Etat, soit par les partenaires techniques et financiers pour y promouvoir le développement à la base.
Ralf Zinsous
Depuis que le processus de la décentralisation a démarré au Bénin, des plaintes relatives au non transfert aux communes des ressources financières nécessaires à leur développement sont constamment agitées. Suivant des documents officiels produits par l’Administration publique, 11.845.198.250 F Cfa ont été injectés en 2012 dans la trésorerie des communes du Bénin, qu’elle soit à statut particulier ou non. Cette ressource, qui est loin d’être l’intégralité des ressources publiques mises à la disposition des communes, représente celle qui est reconnue sous le vocable « Fonds d’appui au développement des communes » (Fadec). Un fonds alimenté, tant par les ressources intérieures que par celles relevant de transferts directs des partenaires au développement pour accompagner la promotion de la décentralisation au Bénin.
Des communes nanties
Au regard des données recueillies auprès de l’Administration, ayant conduit à la réalisation des tableaux ci-après, les premières communes à forte concentration de ressources sont dans l’ordre Cotonou, Tchaourou, Banikoara et Djoudou en ce qui concerne les fonds Fadec (ressources intérieures) et  Cotonou, Tchaourou, Banikoara et Tanguiéta pour ce qui est du fonds Fadec (ressources en provenance des partenaires techniques et financiers). A l’analyse, nous constatons que le critère évident qui soutiendrait cette répartition est la taille de la population. Bien entendu en prenant en compte les dernières données démographiques issues du processus de réalisation de la Liste électorale permanente et informatisée (Lepi).  Même si là aussi l’application n’est pas parfaite au sens strict et à tout point de vue. Ainsi, pourrait-on associer à ce critère la capacité d’appel de fonds propre à chaque commune étant donné le leadership à sa tête et bien d’autres critères moins évidents.
Au demeurant, en attendant l’évaluation motivée dont la publication édifiera les acteurs de la décentralisation, notamment les électeurs qui sont loin de douter qu’autant de milliards de francs Cfa ont été mis à la disposition de leur commune, il convient de noter que les collectivités locales n’ont pas broyé du noir durant les cinq dernières années. Donnée à prendre en considération dans le cadre des événements politiques en vue.

Titre : Fonds publics directs aux communes du Bénin (Total par département)

Subventions de l’Etat aux communes (en Fcfa)
subventions des PTF aux communes (en Fcfa)
Année 2012
Année 2012
Atacora
954.450.536
608.463.977
Donga
410.018.366
261.387.464
Atlantique
662.026.188
422.042.714
Litoral
208.959.779
128.820.997
Borgou
895.770.881
571.055.589
Alibori
741.737.379
472.858.946
Mono
467.729.842
298.172.260
Couffo
553.746.557
353.014.446
Zou
700.897.777
446.823.623
Collines
580.117.856
370.426.202
Oueme
645.446.416
411.473.279
Plateau
415.118.420
264.638.756
Total
7.236.019.997 

4.609.178.253
Total global :
11.845.198.250 F Cfa

Source : Association des communes du Bénin (Ancb)








Titre : premières communes à forte concentration de ressources par département (Fonds Ptf)

subventions des PTF aux communes (en Fcfa)
Année 2012
Cotonou
128.820.997
Tchaourou
106.428.962
Banikoara
98.741.181
Tanguiéta
86.345.842
Bassila
84.284.941
Aplahoué
72.066.955
Ouèssè
70.538.188
Abomey-Calavi
70.157.169
Kétou
62.368.329
Bopa
60.851.763
Porto-Novo
59.160.489
Zogbodomey
55.062.509

Source : Association des communes du Bénin (Ancb)
Titre : premières communes à forte concentration de ressources par département (Fonds Etat)

Subventions de l’Etat aux communes (en Fcfa)
Année 2012
Cotonou
62.684.934
Tchaourou
50.084.073
Banikoara
46.466.303
Djougou
43.138.832
Tangiéta
40.633.220
Aplahoué
33.913.766
Ouessè
33.194.345
Djidja
33.045.634
Kétou
29.349.717
Bopa
28.636.041
Porto-Novo
27.840.149

Source : Association des communes du Bénin (Ancb)

Bénin-Port de Cotonou

Changement à la tête de « Bolloré »

Le plus moderne des terminaux à conteneurs au port de Cotonou est annoncé pour être mis en service bientôt. L’information a été confirmée le jeudi 31 janvier dernier lors du dîné d’au revoir au Directeur général ayant piloté le projet, Bernard de Buov.

Casimir Kpédjo

La Direction générale (Dg) de «  Bolloré Africa Logistics » au Port de Cotonou a changé de main depuis le jeudi 31 janvier 2013. Seydou Diakité de nationalité malienne succède ainsi à Bernard de Buov qui rejoint la Direction générale de Tema (Ghana) du groupe après 5 années d’activités au port de Cotonou. A l’occasion, l’ambassadeur de la France prêt le Bénin, Jean-Paul Monchau, a organisé un dîné à l’honneur des deux personnalités, sortant et entrant, du groupe français. Au-delà des festivités d’au-revoir et d’accueil, Bernard de Buov a fait le point de la coopération multilatérale entre son groupe et l’Etat béninois au cours de ses 5 années à la tête de « Bolloré Africa Logistics » au port de Cotonou. Bilan surtout caractérisé par la construction et l’exploitation d’un nouveau terminal à conteneur au port de Cotonou après avis d’appel d’offre. Il s’agit en effet de la réalisation au Sud du port de 540 mètres de quai avec deux portiques de quai et deux grues mobiles. L’ouvrage permettra d’accueillir simultanément deux navires à fort tirant d’eau. Le groupe Bolloré, adjudicataire de l’appel d’offre lancé par le gouvernement béninois en 2009, a déjà investi 36 milliards de FCfa sur les 144 prévus à l’horizon 2034 soit 25 ans de concession du quai. Cette infrastructure est annoncée pour être mis en service en janvier 2013. Le directeur sortant a rassuré les officielles béninois, conduits à la cérémonie par le premier ministre, Pascal Iréné Koupaki, de la fin des travaux et du démarrage des activités du nouveau quai pour bientôt. « Le groupe Bolloré a pour sa part aménagé les terrepleins destinés à stocker les conteneurs et a investi dans les deux portiques de dernière génération qui vont permettre d’améliorer significativement les cadences observées dans le port de Cotonou. Ils viennent d’arriver, et dès que les difficultés techniques inhérentes à leur déchargement seront levée, la finition de leur montage sera entreprise en préalable à leur mis en service, prévue dans les tout prochains mois », a expliqué M. de Buov. Le démarrage des activités de « Bénin Terminal » permettra de décongestionner durablement le port de Cotonou, a-t-il poursuivi. En effet, ajoute-t-il, « la mise à disposition de deux nouveaux postes à quai va impacter la fluidité des quais Nord où pourront se développer notamment les activités dites conventionnelles, par opposition à celle qui sont traitées en conteneurs ». Ainsi le Bénin pourra multiplier ses capacités d’accueil de gros navires avec pour conséquence la réduction des taux de fret pratiqués à destination du pays et ses voisins. Par ailleurs, ce vaste projet va accroître le trafic conteneurisé avec pour conséquence la fluidité des camions dans les villes-centres. L’autre conséquence, selon le groupe Bolloré est la réalisation d’autres ouvrages routiers et portuaires comme la réhabilitation des chemins de fer et la construction des ports secs de Parakou et de Tori afin de pouvoir contenu le boom routier qui sera né de la mis en exploitation de « Bénin Terminal ».

« Bolloré Africa Logistics » en quelques lignes

 

Le groupe Bolloré a choisi, depuis plus de cinquante ans, d’être présent en Afrique et de s’y développer. En 2008, il a créé une marque, « Bolloré Africa Logistics », qui fédère l’ensemble de ses activités sur le continent africain et dans les pays qui entretiennent des relations commerciales avec l’Afrique. Bolloré Africa Logistics est le premier réseau de logistique intégrée sur le continent africain et le premier opérateur de partenariats public-privé portuaires et ferroviaires. Grâce à un maillage du continent sans équivalent, et une présence effective dans 55 pays dont 45 en Afrique avec plus de 25 mille collaborateurs, « Bolloré Africa Logistics » est aujourd’hui le spécialiste des projets industriels sur mesure pour un portefeuille de clients venus du monde entier.

Caractéristiques techniques de « Bénin Terminal »

·         Longueur totale des quais : 540 m (opérationnel en Janvier 2013)
·         Tirant d’eau : de - 13,5 m à -15 m
·         Parc à conteneurs : près de 20 hectares
·         Des équipements modernes :
o    Portiques de quai : 2
o    Grues mobiles : 2
o    RTG (Portiques de parc) : 10
o    Reachstacker : 15
·         Capacité de stockage de conteneurs pleins : plus de 15 000 Teu’s
·         Volume annuel : 155 000 Teu’s
·         Système d’exploitation du terminal : Oscar

Bénin-Appui budgétaire

Le Fmi accule, Cotonou s’engage
Le gouvernement du Bénin s’engage pour ses réformes en retard objet d’engagements pris auprès des institutions de Bretton Wood. C’est la substance de la dernière séance du conseil des ministres tenue le mercredi 30 janvier 2013.
Il y a deux mois, nous écrivions « les urgences de Gbian » en rappelant les engagements pris par l’Etat béninois, au moyen d’une « lette d’intention et protocole d’accord technique » adressée au Fonds monétaire international (Fmi). Engagement assortis d’échéancier dépassé pour l’essentiel. A la faveur du compte rendu du dernier conseil des ministres, il est aisé de constater que, n’ayant pas tenu ses engagements, acculé, l’Etat béninois se fixe des objectifs pour sortir du pressoir des institutions de Bretton Wood. Condition incompressible pour disposer de ressources indispensables à la conduite des politiques de développement du Bénin. En effet, le dernier conseil des ministres a examiné une communication du ministre de l’économie et des finances sur le point des engagements pris par le Bénin avec le Fonds Monétaire International dans la mise en œuvre des repères structurels d’une part ; et des conditionnalités de l’appui budgétaire de la Banque Mondiale, d’autre part. La mise en œuvre des repères structurels concerne l’état des avancements des réformes à savoir :
- développement d’un système informatique complet et intégré à la Direction Générale des Impôts et des Domaines ;
- recours systématique à l’Identifiant Fiscal Unique de tous les contribuables et dans tous les services des administrations fiscales et douanières ;
- stratégie de réforme de la Fonction Publique ;
- transmission à l’Assemblée Nationale du projet de loi régissant les pensions sur la base du rapport final de l’audit actuariel du Fonds National des Retraites du Bénin ;
- réflexions en cours sur le nouveau programme des réformes portuaires.
Les points ci-dessus énumérés sont une partie des engagements objet de la lette d’intention et protocole d’accord technique adressée au Fmi en mars 2012. Ainsi, en révisant lesdits engagements à la baisse, le gouvernement prend une nouvelle option celle qui permettra d’aller plus vite pour ne pas prendre des risques en ce qui concerne les appuis budgétaires attendus des institutions de Bretton Wood.

Bénin-Campagne agricole 2013-2014

Des incertitudes sur le coton
La campagne agricole 2013-2014 pointe déjà son nez et tout porte à croire que les acteurs de la filière coton sont loin d’accorder leur violon sur le mécanisme approprié pour mieux gérer le cotonnier. Les concertations en cours ne semblent pas créer les conditions d’une campagne apaisée.
Le sort réservé à la gestion de la filière coton au cours de la campagne agricole 2013-2014 est inconnu. Et mieux que le public, c’est les acteurs eux-mêmes qui expriment ce sentiment d’incertitude qui n’augure rien de bon pour l’économie béninoise en général. En effet, le coton est de loin le premier produit de rente pour l’économie béninoise. La filière coton a un potentiel de croissance économique dont le Bénin ne peut se passer à l’étape actuelle de l’économie nationale. Il s’agit de réalité que tous acteurs du monde économique béninois internalisent à commencer par les gouvernants. C’est d’ailleurs conscient de cette réalité que le chef de l’Etat n’a pas hésité à décréter la campagne cotonnière 2012-2013 une campagne exceptionnelle et spéciale. Les partenaires au développement du Bénin ont intégré cette donne au point d’évoquer les difficultés liées à la gestion de la filière coton dans tous les rapports qu’ils ont produits sur le Bénin au cours de ces derniers mois.
Pourtant il y a des zones d’ombre
Déjà plusieurs rencontres d’échange et de concertation ont regroupé les acteurs de la filière coton. Tant au sein des entités homogènes que dans des enceintes bien hétérogènes. L’Association interprofessionnelle de coton (Aic) au premier rang, à la suite de la campagne exceptionnelle finissante, est conviée à la table en présence de membres du gouvernement et des partenaires techniques et financiers. Seulement, à y voir de près, les discussions engagées ne donnent pas lieu à un dialogue qui augure d’une conclusion largement partagée. De sources proches des acteurs de la filière, tout porte à croire que le gouvernement a choisi d’adopter le « zonage » et ne semble ouvert à plus aucune alternative possible. Pendant ce temps, les partenaires techniques et financiers manquent de s’illustrer en médiateurs et tout semble évoluer vers l’impasse. Toute chose qui risque fort bien d’aboutir à une situation indélicate pouvant engendrer un contexte favorable à une nouvelle campagne exceptionnelle. Pourtant, les discussions engagées jusque là avaient pour objectif de régler les incompréhensions et de repartir sur de nouvelles bases arrêtées de commun accord entre acteurs de la filière. L’encadré ci-après est illustratif de la situation actuelle qui n’augure d’aucune certitude.
Encadré : Conclusion de la réflexion de l’AIC sur la nouvelle gouvernance de la filière coton
Au total, le document se fonde sur un tissu d’affirmations et de suppositions sans diagnostic et analyses convaincants, pour plaquer un modèle retenu par avance et à l’exclusion des autres modes de gouvernance ; de plus, sans réellement tirer les leçons d’une analyse comparée des différents modes de gouvernance de la filière coton dans la sous région. Les vrais problèmes qui handicapent la productivité et l’augmentation de la production, problèmes partagés avec l’ensemble des pays de la sous-région (dont ceux fonctionnant selon le modèle du zonage) sont occultés. Aucun modèle ne sera viable s’il ne réussit pas à juguler ces handicaps. L’on doit tout d’abord admettre que la réorganisation de la filière, quel qu’en soit le schéma, ne peut apporter les résultats escomptés si l’on n’en définit pas clairement les préalables et principes  à prendre en compte ainsi que les objectifs à atteindre.
Le modèle de zonage n’est donc pas en soi une panacée. Même en cas de nécessité d’adoption de ce modèle au Bénin, il est impérieux d’en définir la  forme adaptée aux conditions spécifiques du pays en apportant des réponses adéquates à certaines questions précises, à savoir:
Qu’entend-on par zonage et quelles différentes formes peut-il prendre?
Quels sont les critères de répartition des communes et/ou des usines d’égrenage selon les zones?
Quels sont les préalables à lever et le délai requis dans les conditions actuelles pour aboutir à un zonage viable permettant d’atteindre les performances  recherchées pour la filière coton au Bénin?
Quel système transitoire de gouvernance  de la filière doit-on mettre en place et pour quelle durée, en attendant l’aboutissement du processus du zonage?

Les caractéristiques propres à chacun des modes de gouvernance de la filière coton doivent faire l’objet d’une analyse objective permettant de dégager le meilleur mode possible à retenir. Quelle que soit l’option, des principes et règles spécifiques doivent être définis en vue de baliser le terrain et de limiter les risques de dérapage. Cela suppose la mise en place d’un schéma de gestion transitoire en concertation avec les vrais acteurs de la filière pour une durée à déterminer aux fins, entre autres, de construction des statistiques plus crédibles permettant d’élaborer une véritable stratégie de développement de la filière coton béninoise.
En sus des aspects ci-dessus évoqués, d’autres questions en suspens méritent des clarifications notamment :
- Sous quelle forme associative pourrait se constituer les Sociétés cotonnières attributaires des zones?
- Comment aborder la question du mode de fixation des prix d’achat coton graine, des prix de vente des intrants agricoles. etc.?
- Sous quelle forme juridique matérialiser de façon durable les relations entre les différents acteurs professionnels d’une part, et entre eux et l’Etat d’autre
part ?
- Comment assurer la prise en charge de certaines fonctions à caractère transversal pour l’ensemble des acteurs professionnels de la filière?
- Comment organiser la participation des producteurs de coton et des communes dans le capital des sociétés d’égrenage de coton?
- Comment organiser ou établir le développement équilibré des régions dans le cadre de la politique de décentralisation prônée par le Gouvernement?
- Quels seront les critères de sélection des investisseurs dans les zones retenues après le démantèlement de la SODECO?
- Qui prendra en charge les coûts de démontage et de réinstallation des usines dans les zones identifiées?
Ce Sont là autant de questions et de préalables à prendre en considération pour éviter de commettre des erreurs dans l’appréciation d’un sujet aussi complexe que le coton en faisant des choix inopportuns qui seront préjudiciables à l’économie béninoise.
Dans tous les cas, l’assainissement étant considéré désormais comme une question relativement maîtrisée, (à condition que les effets induits par le PARFCB soient maintenus), l’augmentation substantielle du niveau de, production de coton graine reste le défi majeur actuel à relever, aussi bien par des actions spécifiques au niveau de chaque famille professionnelle en ce qui la concerne, qu’à travers des actions transversales sous l’égide d’une Interprofession regroupant l’ensemble des acteurs avec le soutien actif de l’Etat. Vu sous cet angle, la réorganisation de la filière coton au Bénin ne saurait se limiter à la seule mise en place d’un zonage à contours d’ailleurs mal définis, mais devrait plutôt procéder d’un diagnostic objectif des dysfonctionnements et d’un processus associant toutes les parties prenantes sans exclusive. Le Secrétariat permanent de l’AIC est disposé, comme à l’accoutumée, à apporter sa contribution pour une réflexion saine et constructive en vue de la mise en place d’un cadre institutionnel cohérent et sécurisé pour le développement du secteur coton au Bénin.

Décembre 2012
Le Secrétariat Permanent de l’AIC

Bénin-Uemoa/Cemac

Cfa, une monnaie contrepoids…
Qui ne se souvient pas de la permanente guéguerre entre la Chine, à propos de sa monnaie (le yuan) qui serait sous-évaluée, et l’Occident, dont la France, les Etats-Unis en tête ?  Il s’agit là plutôt d’une affirmation. C’est pourquoi nous n’avons pas hésité à démarrer votre prestigieuse rubrique par une interrogation. Partant de cette réalité, on n’a pas besoin d’être un économiste de renom pour comprendre qu’en situation d’échange accru avec le reste du monde, avoir une monnaie trop forte est contre productif. Ainsi, à moins que cette donne s’impose du fait de la santé de l’économie considérée, sur le chemin du développement, aucun Etat dirigé par des personnes sensées ne souhaiterait disposer d’une monnaie forte ou surévaluée sans raison valable.
Connaissez-vous la monnaie dite « franc de la communauté financière africaine » (FCfa) ? Il s’agit d’une monnaie de « luxe » qui s’impose comme un mythe connue pour sa particularité qui se résume en une phrase : « il s’agit d’une aberration économique certes, mais qui s’y frotte s’y pique ». Nous avons choisi ici de nous y frotter, mais sans nous soucier du reste. Bon, enfin, que ceux que le débat gène nous pardonnent. Une chose est sûre, nous avons la certitude de satisfaire des personnes, volontairement anonymes,  qui nous remercierons à voix basse, tant mieux.
Savez-vous que le Vietnam est le deuxième exportateur du riz au monde ? Savez-vous que votre Cfa est plus fort que sa monnaie, le dong ? En fait, il faut environ 28.311 dongs pour avoir un euro. Supposant que vous admettez que l’Iran n’est pas n’importe quel pays c’est pourquoi il se permet une aventure nucléaire réservée au « grands », retenez que votre Cfa est plus fort que sa monnaie, le rial. Il en faut environ 16.685 pour disposer d’un euro. Nous pensons que c’est parce que l’Iraq a quelque chose économiquement dans le ventre que les vautours l’assaillent. Savez-vous qu’il faut 1.852 dinars, sa monnaie, pour avoir un euro ? La Corée du Sud est la 15ème puissance économique du monde avec de bonnes perspectives de croissance. Pourtant, pour avoir un euro, le coréen est obligé de sortir 1.475 wons. Pendant ce temps, un euro donne droit à 656 francs Cfa environ. C’est cela votre monnaie. On nous a appris en économie qu’au-delà de toutes autres considérations, la monnaie est le reflet de la santé économique de l’espace qui l’utilise. Avec les informations ci-dessus, avez-vous l’impression que votre Cfa respecte cette norme ? Il ne s’agit pas d’un sujet de dissertation. Répondons à l’américaine. Par simple observation, il est évident que votre Cfa est trop fort pour une économie chancelante, donc un contre poids pour le développement économique des pays qui l’utilisent. Qu’ils soient en Afrique de l’Ouest ou en Afrique centrale, les mêmes causent produisent ici les mêmes effets. L’ampleur du déficit de la balance des paiements des zones Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) et Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) trouvent sa justification dans cet état de fait. Plus encore, les opérateurs économiques desdites zones perdent d’énormes ressources sur leurs prix à l’occasion des transactions internationales. Et ceci continue de se faire dans un contexte de conjoncture favorable à l’Afrique avec un taux de croissance globale constamment au-dessus de 5% pendant que l’Europe est en crise économique et en perte de croissance.
Lorsque nous échangeons avec les cadres des banques centrales des zones Cfa, nous avons l’impression qu’il s’agit d’une malédiction de disposer de sa propre monnaie comme le Nigeria et le Ghana. Mais il ne s’agit pas pour nous de faire ici un débat dépassé sur le fait pour chaque pays d’avoir sa propre monnaie. Non, en maintenant ces unions monétaires, la question fondamentale est celle de savoir s’il n’est pas plus productif de créer des monnaies régionales sur de nouvelles bases, départies de toute relique coloniale. Il est insensé de craindre de pouvoir réussir une aventure monétaire régionale dans un monde où des pays comme le Ghana et la Gambie (un pays coincé dans le Sénégal) donnent du résultat en Afrique. Le mal est profond et sans être habitués à la chose économique et monétaire, faites juste un effort et vous comprendrez. Tenez par exemple. De 1945 à 1975 100% des réserves de change des zones Cfa étaient domicilié au trésor français. De 1975 à 2005 ce taux passe de 100% à 65% avant de descendre à 50% depuis 2005. Ceci dans un compte d’opération domicilié, si nos dernières informations sont exactes, rue Croix des Petits Champs, dans le 1er arrondissement de Paris. Il s’agit tout simplement d’une colonisation monétaire qui s’opère en douce. Nous ne vous apprenons rien en vous indiquant que les Cfa ne sont pas émis en Afrique, mais plutôt en France à Chamelière, près Clermont Ferrand et est garanti pas le trésor français. C’est aussi des emplois et de la valeur ajoutée. Garantit-on quelque chose qui n’en vaut pas la peine ? En économie, la gratuité est nuisible avons-nous appris. Ainsi se justifie notre titre : « Cfa, une monnaie contrepoids ». Nous n’avons pas la conviction d’avoir bien fait le job. Nous n’avons pas l’impression de vous avoir convaincus. Mais une chose s’impose, dans son état actuel, votre monnaie Cfa est tout sauf un instrument pouvoir faciliter le développement d’un espace économique qui l’adopte.
Aubin R. Towanou