mardi 4 septembre 2012

Bénin-Emploi

70% de taux de chômage  ...
« Affirmer que le taux de chômage au Bénin avoisine les 70% n’est que justice ». C’est ce que soutient un chercheur qui a requis l’anonymat en cette période de méfiance généralisée. Une affirmation contraire à celle qui revient constamment aux lèvres des autorités béninoises de tout temps lorsqu’elles doivent aborder la question de l’emploi, environ 2%. En tant que médias, nous renvoyons ici scientifiques et gouvernants dos à dos pour analyser, sans préjugé, la question de l’emploi au Bénin.
Ralf Zinsou

En République du Bénin, un seul ministère est chargé de l’emploi, c’est le département chargé de la Microfinance, de l’Emploi des jeunes et des femmes. Celui en charge du Travail et de la Fonction publique s’occupe de ceux qui ont déjà un emploi, surtout ceux conventionnés. Ainsi, dans un pays où les demandeurs d’emploi sont de tous âges, la dénomination même du ministère en charge de l’emploi est discriminatoire. On parle spécifiquement de « l’emploi des jeunes et des femmes ». Heureusement que les femmes demandeuses d’emploi peuvent être de tous âges. Même si cette discrimination n’était pas de mise, les difficultés de l’emploi au Bénin sont réelles et lorsqu’on entend parler de 2% s’agissant du taux de chômage au Bénin, on n’a pas besoin d’être polytechnicien pour opposer un non catégorique.

Du discours officiel
Depuis 2006, les actions menées ont permis d’avoir des résultats subséquents au niveau des dispositifs d’appui à la création et la promotion de l’emploi. De 2.605 emplois en 2006, ces structures ont créé 402.861 emplois en 2008. Ils ont permis de créer l’essentiel des nouveaux emplois en 2008 et en 2009 comme le montrent les statistiques ci-dessous. Toute chose qui témoigne de l’efficacité des dispositifs d’appui à la création et à la promotion de l’emploi, en particulier depuis 2007.
Toujours en ce qui concerne le discours officiel, on reconnaît que les bons résultats enregistrés par la politique de l’emploi au Bénin entre 2006 et 2009 n’ont pas suffi pour réduire les tensions qui s’observent sur le marché du travail. Ce qui serait justifié par la poussée démographique et des nouveaux diplômés qui sortent des centres de formation. Ainsi, l’écart entre l’offre et la demande d’emploi s’agrandit d’année en année comme en témoigne le graphique ci-dessous.
En conséquence, la situation de l’emploi ne s’est pas améliorée depuis 2002. Le taux de chômage est resté constant depuis lors dans un contexte où la population du pays ainsi que le taux d’activité globale s’accroissent. Il s’en suit que le nombre de chômeurs est en augmentation. Il faut également souligner que plusieurs diplômés sont amenés à s’occuper, d’une façon ou d’une autre, faute d’un emploi lié à leur formation. Le taux de sous-emploi estimé lors de l’enquête modulaire intégré sur les conditions de vie des ménages (Emicvm 2007) est de 70%.
Enfin reconnaît-on officiellement les 70%...
70% de taux de sous emploi. Pourquoi ne pas prendre en compte ce taux, pour le taux de chômage juvénile si l’on s’entend qu’il prend en compte les jeunes demandeurs d’emploi qui s’occupent vaille que vaille en attendant un emploi à de leur convenance, à la hauteur de leur qualification professionnelle ou tout au moins leur niveau académique ? Toute la question est là lorsqu’on sait que les 2% cités plus haut éliminent tous ceux qui aident une personne de leur entourage et qui reçoivent une rétribution inconséquente. Inutile d’évoquer les diplômés contraints de conduire un taxi-moto pour subvenir à tout ou partie de ses besoins vitaux. Ainsi, ne serait-il pas plutôt conséquent d’ajouter aux 2% toutes ces personnes sous employées ? A notre sens, lorsqu’on ajoute cette frange de population active aux 2% on obtiendrait tout simplement les 70% ou tout au moins un chiffre très proche de cette valeur. Et à partir de ce courage politique, les Béninois, les jeunes en l’occurrence, se retrouveront aisément dans les statistiques officielles de l’emploi au Bénin. La non dissimulation des faiblesses est un véritable levier de développement nous enseigne la sagesse. Et nous croyons que cette sagesse vaut pour le Bénin de tout temps et mieux encore celui d’aujourd’hui. C’est lorsqu’on accepte de reconnaître la profondeur de sa plaie que l’on se dote de moyens efficaces pour la soigner. Aujourd’hui, le Bénin, avec les cris de cœur qui montent a besoin d’une politique de l’emploi effectivement applicable avec peu de place pour les improvisations.

Perspectives de politique                          de l’emploi       
Lorsqu’on se projette dans l’avenir au Bénin, on note qu’il existe un document de politique nationale de l’emploi ainsi qu’un plan d’actions 2010-2014. Ce document s’inspire des documents de stratégie internationale comme « La Déclaration du millénaire des Nations Unies : un pacte social pour la création d'emplois », « Le Pacte mondial pour l’emploi », « La Déclaration du sommet de l'Union africaine sur l'emploi : la création d'emplois productifs décents, priorité des chefs d'Etat » et des documents de stratégies nationales. Ils ont peut-être le mérite d’être convainquants. Mais il y a mieux que le mérite d’un document pour faire bouger les lignes dans la société. Au-delà des documents stratégiques en effet, il y a le besoin de disposer d’hommes et de femmes volontaires et convaincus pour accomplir de grandes tâches que retient généralement l’histoire.


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