mercredi 10 août 2011

Côte d'Ivoire

Alassane Ouattara fait signer une «charte d'éthique» à ses ministres

Le président Alassane Ouattara a fait signer à ses ministres hier mardi 9 août 2011 à Abidjan une « charte éthique » qui vise à moraliser la vie publique et à rompre avec la corruption érigée, selon lui, en mode de gestion. Ce code déontologique doit permettre à la Côte d’Ivoire de regagner la confiance des investisseurs internationaux, a précisé le président ivoirien.
Main droite levée, le Premier ministre Guillaume Soro et les autres membres du gouvernement ivoirien formé début juin ont défilé devant Alassane Ouattara. Par ce geste, qualifié par le chef de l’Etat d’« historique », ils ont signifié leur engagement à la « charte d’éthique » et ses dix valeurs cardinales pour lutter contre la corruption et le népotisme.
Depuis sa prise de fonction et après l’arrestation le 11 avril dernier de son prédécesseur Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a promis de remettre de l’ordre au sein du gouvernement et de rétablir les services publics et les finances du pays.

« Notre pays a souffert pendant trop longtemps de pratiques illicites qui ont porté atteinte à la crédibilité de notre gouvernement, a-t-il dit. La corruption, la course effrénée à l’enrichissement illicite, le trafic d’influence , les abus de biens sociaux, le népotisme, le clientélisme, les détournements en tous genres, ont été érigés en mode de gestion », a accusé le chef de l'Etat ivoirien, promettant une rupture.

Ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) et économiste de formation, Alassane Ouattara assure que cette charte doit permettre à la Côte d’Ivoire de regagner la confiance des investisseurs internationaux. Il a rappelé que son pays est arrivé au 168e rang sur 188 pays, dans le dernier classement Doing Business de la Banque mondiale en matière d’environnement des affaires.

Les nouvelles autorités de Côte d’Ivoire comptent notamment sur l’appui des bailleurs de fonds internationaux pour relancer la première économie d’Afrique de l’Ouest francophone

NOUVELLES INCULPATIONS DE PROCHES DE LAURENT GBAGBO
Douze personnes de l'entourage de l'ancien président Gbagbo ont été inculpées depuis vendredi 5 août, notamment pour atteinte à la sûreté de l'Etat. Sept d'entre elles sont détenues dans la prison de Bouna (nord-est), parmi lesquelles le président du FPI, Pascal Affi N’guessan et Michel Gbagbo, l’un des fils de l’ex-président. Cinq autres personnes sont assignées à résidence à Katiola, dans le centre du pays. 
Pascal Affi N’guessan et ses six co-détenus de Bouna ont été inculpés vendredi 5 août 2011, la veille du discours du président Ouattara pour le 51e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Dans cette allocution, il tendait la main aux responsables du FPI et de LMP, l’ex-majorité présidentielle.
L’ancien Premier ministre, Affi N’guessan, Michel Gbagbo, le fils de l’ancien président, Diabaté Beh, un ancien conseiller économique à la présidence, et quatre autres détenus sont tous inculpés au moins pour crimes économiques et éventuellement pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Peu de temps après l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril dernier, le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, avait été l’un des premiers cadres pro-Gbagbo à se retrouver en résidence surveillée dans un hôtel d’Abidjan. Il avait pu garder un téléphone pour communiquer mais très rapidement, fin avril, il avait été emmené, d’abord au Golf Hôtel, où se trouvait l’ensemble du premier gouvernement Ouattara, -un gouvernement qui reprochait à Affi Nguessan d’avoir voulu organiser une rébellion en contactant les militaires ivoiriens exilés au Ghana. Pascal Affi N'Guessan a été par la suite transféré dans la prison de Bouna dans le nord, où il est encore détenu.
Selon l'AFP, qui site le parquet d'Abidjan, cinq autres personnes assignées à résidence à Katiola, dans le centre du pays, dont l'ex-chef des « femmes patriotes » Geneviève Bro Grébé et l'ancien ministre Jean-Jacques Bechio, ont également été inculpées.
Les 12 inculpés restent détenus sur les mêmes sites mais sont désormais en détention préventive.  Vingt-six autres pro-Gbagbo -parmi lesquels l'ancien Premier ministre Akè N'gbo et d'autres ex-ministres - avaient déjà été inculpés d'atteinte à la sûreté de l'Etat ou d'infractions économiques. Ils sont détenus principalement à Boundiali dans le nord. 
Laurent Gbagbo est détenu à Korhogo, également dans le nord, et son épouse Simone à Odiéné, dans le nord-ouest. Aucun des deux n'a pour l'instant été inculpé. Les avocats de l'ex-président jugent sa détention illégale. 
Des proches de la mouvance Gbagbo estiment que les inculpations en cours dissuadent certains cadres qui ont fui lors de la crise de rentrer dans leur pays, malgré la main tendue par Alassane Ouattara.