lundi 24 janvier 2011

Communication en Afrique

« Bénin, quartier numérique de l’Afrique…»

Désiré Adadja, le ministre béninois de la communication qui a rêvé trop grand

Le gouvernement du « changement » veut faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique. L’ambition, à l’époque bien mesurée disait-on, est noble. Les Béninois manquaient d’avoir un secteur d’excellence pour s’affirmer sur un continent en pleine croissance. A l’annonce de la nouvelle par le ministre chargé de la communication, spécialiste du secteur de par sa profession, nous étions séduit. Pas parce que nous y attendions un avantage particulier. Mais nous étions séduit parce que nous savions que celui qui faisait cette déclaration est un homme qui savait de quoi il parlait. Autrement dit, il ne s’agissait pas de propos de politicien mais d’un technicien qui a toujours fait savoir qu’il a fait ses preuves dans le domaine. Nous y avons cru. Quelle vilaine escroquerie, pardon, quelle vaste blague ! Quelques mois après la présentation d’un rapport ou tout simplement d’un document de projet dont la mise en œuvre devrait aboutir à la concrétisation du slogan « faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique », les Béninois sont là sans une connexion à haut débit lorsqu’ils finissent, après moult tentatives, par se connecter sur un réseau qui peut lâcher à tout moment.
Le Bénin, de tout temps, que ce soit avant ou pendant le régime du changement, est passé maître dans l’art de s’illustrer en victime des fournisseurs de matériels de communication. Sur une bonne dizaine de marchés signés au cours de ces dix dernières années pour doter le Bénin d’équipements de pointe en matière de télécommunication, la quasi-totalité a été couronnée par la livraison de matériels de mauvaise qualité. Nous ne souhaitons qu’être démenti. Un seul commentaire : Ou les techniciens béninois qui interviennent dans le processus de ces marchés sont tous corrompus ou ils sont tous des ignares dans le domaine de la télécommunication. Si vous allez à la chasse avec les chats, vous ne rentrerez, dans le meilleur des cas, qu’avec des souris. Permettez-nous de douter quelque peu.
Dire qu’on veut construire le « quartier numérique de l’Afrique » alors que le petit projet qui consiste à réaliser la boucle « Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Lomé-Cotonou » par une liaison à fibre optique peine à se réaliser. On veut que le Bénin soit le quartier numérique de l’Afrique alors que rien n’est fait, en tout cas pas de manière à satisfaire la clientèle, pour que le peu d’internautes béninois dispose en permanence de connexion à haut débit pour accéder à l’Internet en temps voulu. Aujourd’hui, tous les habitués de la navigation sur Internet savent que pour se connecter il faut être courageux et patient. Et ceci, à quelque variante près, quelque soit le fournisseur d’accès. Même les derniers gadgets distribués par l’opérateur public pour faciliter l’accès à l’Internet donne lieu à un véritable cauchemar. La liste est longue pour montrer que le Bénin est loin d’amorcer le processus devant le conduire à la réalité d’un tel slogan.
Voyageant, nous avons vu les prouesses de certains pays africains dans le secteur de la télécommunication. L’exemple du Gabon est très illustratif. Pour rester dans notre sous région, prenons le cas du Sénégal. Au Sénégal, se connecter à l’Internet n’est plus un problème à résoudre. Le problème de l’internaute sénégalais au Sénégal, c’est plutôt comment en tirer le meilleur profit une fois connecté. Téléphoner dans ce même pays est un jeu. Puisque, à coût réduit, la communication est d’une qualité incomparable à ce sur quoi les Béninois veulent s’appuyer pour bâtir le « quartier numérique de l’Afrique ».
Ceci dit, nous ne voudrions pas nous illustrer en peintre du noir. Nous voudrions, malgré tout, croire à l’avenir. Peut être qu’il s’agit pour le moment de quelques difficultés de réglage. Mais là encore, c’est les mêmes spécialistes de télécommunication qui nous parlent de défaut de matériel. En tout cas, nous voudrions croire qu’au Bénin, l’autorité est déterminée à faire du Bénin le « quartier numérique de l’Afrique ». Nous n’aurons qu’à formuler des souhaits de courage et de chance dans ce cas.
Mais aujourd’hui, à l’heure du bilan du quinquennat de Boni Yayi, nous avons de bonnes raisons d’affirmer que le projet de l’actuel ministre de la communication a échoué. Car, plusieurs années après l’annonce, nous n’avons malheureusement pas en permanence une connexion à faible débit pour rêver d’un haut débit. Pourvu que ceux qui s’annoncent pour la prochaine présidentielle en prennent conscience…

Aubin R. Towanou

vendredi 21 janvier 2011

Bénin/Politique et société



Quand le sacré est source de danger

Les Béninois ont vu des « rois » qui marchent pour soutenir le régime au pouvoir ou d’une force politique donnée. Des sages et notables qui, mendiants presque, visitent le chef de l’Etat, généreux dit-on, au rythme de l’état de leur bourse… Il y a quelques années, si nous lisions une telle affirmation dans la presse, nous aurions pu dire qu’il s’agisse d’une manœuvre malveillante de la part d’un journaliste non initié qui s’amuse avec la chose sacrée. Oui, sacrés, les dignitaires, rois, sages et notables du Bénin l’étaient. Loin de nous l’intention de verser dans une généralisation facile. Non, jusqu’à demain, il y a des têtes couronnées qui respectent leur couronne. Ils le respectent et heureusement pour le règne du sacré. Que ceux-là pardonnent notre « impertinence » lorsque nous abordons un sujet aussi « grave » à notre sens. Ils comprendront que nous ne parlons pas d’eux étant entendu que les agissements que nous dénonçons ici ne font pas partie de leurs habitudes. Et s’ils ne l’avaient pas fait, nous les invitons à rappeler les leurs à l’ordre, dans un cadre formel, si celui-ci existait, afin qu’ils cessent de salir le milieu des souverains béninois, un milieu sacré à notre sens.
Il y a quelques mois, le mouvement « Chrétiens pour changer le monde a organisé à l’Institut universitaire du Bénin (Iub) à Cotonou une table ronde internationale sur le dialogue interreligieux. A cette occasion, le thème « Dialogue interreligieux : contribution des religieux à la construction de la paix » était au centre des préoccupations. Abordant le cas du Bénin, la collusion très perceptible entre le religieux et le politique sur fonds de mise à disposition de numéraires ainsi que l’influence trop étroite de l’une des entités sur l’autre et vis versa, a fait l’objet de grande préoccupation. Les participant à la table ronde étaient d’autant plus préoccupés qu’ils se souviennent du rôle que les entités religieuses ont eu à jouer par le passé dans la préservation de la paix au Bénin en général et sur le plan politique en particulier. Les participants à la table ronde ont apprécié la situation actuelle marquée par une accointance malheureuse entre d’une part les entités politiques et religieuses et d’autre part entre le milieu politique et les têtes couronnées d’autre part. Ils ont partagé le sentiment selon lequel à un moment donné, si ce n’était pas déjà le cas, la perte de crédibilité fera que ces entités sociales ne pourront plus jouer leur rôle de régulation sociale, notamment en ce qui concerne la construction et le maintien de la paix.
Des rois de différentes régions du Bénin, des religieux auparavant très respectés en train de marcher pour apporter leur soutien au gouvernement. Pire, des rois marchent pour remercier le chef de l’Etat pour avoir accepté de nommer certains de « leurs fils », Béninois comme eux, à des postes de responsabilité. Il est désormais fréquent au Bénin d’entendre qu’un dignitaire X réclame telle somme d’argent à une personnalité Y pour soutenir son dossier auprès du chef de l’Etat. De plus en plus, on apprend que les membres d’un groupe de têtes couronnées se disputent parce que ne s’entendant pas sur la clé de répartition d’une enveloppe que leur a offerte le chef de l’Etat à la suite d’une audience à eux accordée ou même dans le cadre d’une aide officielle devenue habituelle. Tout ceci nous aurait laissé indifférent si le seuil de l’intolérable n’était pas sur le point d’être franchi dans les agissements maladroits de la part desdites têtes couronnées et religieux, Bible en main, qui peuplent désormais le Bénin.
L’implication politique à outrance desdites têtes couronnées du Bénin risque de faire le lit à un embrassement sans issue des régions du pays. Un dignitaire, un sage, un notable, un religieux,…par définition est celui qui, dans la société, sait se mettre au dessus de la mêlée afin qu’en cas de conflit majeur il soit suffisamment crédible pour départager « ses fils » en discorde. Mais de moins en moins le Bénin dispose de têtes couronnées pouvant revendiquer cette crédibilité très utile pour la paix dans la société. Ainsi, au moyen de la politique et contre les intérêts de la politique, la société béninoise a délibérément choisi de sacrifier l’un de ses « médiateurs naturels » en cas de risque d’implosion sociale. Et dire que nous sommes dans un pays où la crédibilité de la justice, au sens démocratie moderne du terme, est sérieusement écornée.

A R T

Bénin-Commission électorale nationale autonome
Enfin les membres de la Cena connus
Robert Dossou, Pdt. de la Cour constitutionnelle, institution chargée de départager la société civile

A la suite du président de la République qui nommait, il y a quelques jours, le magistrat Joseph Gnonlonfoun pour siéger au sein de la Commission électorale nationale autonome (Cena), les députés à l’Assemblée nationale ont sacrifié au devoir. Le Parlement a désigné ses neuf représentants devant siéger à la commission ayant la lourde responsabilité de conduire les processus électoraux en vue.
Razaki Amouda, Honorat Adjovi, Jerôme Alladayè, Garba Yaya, Gérard Agbota,Christophe Kaki, Edouard Aho, Tchekessi Tagbaho, Nicolas Dangoga, sont les personnalités à qui le Parlement béninois a donné sa confiance pour organiser d’une part la présidentielle et d’autre part les législatives au cours du premier trimestre 2011. Ceux-ci viennent s’ajouter à Joseph Gnonlonfoun désigné par le président de la République. Ainsi, la liste des membres de la Cena devrait être au complet si le choix du représentant de la société civile n’était pas bloqué par des contradictions internes à cette entité de la République. En effet, à l’occasion du processus de désignation du représentant de la société civile à la Cena, deux camps s’opposent. D’un côté, il y a le regroupement des organisations de la société civile intervenant dans le domaine de la démocratie et de la bonne gouvernance qui a désigné un certain Jean Baptiste Hélias et de l’autre le Cadre de concertation de la société civile, cautionné par le gouvernement, qui porte son dévolu sur sieur Rigobert Tchatcha. Cette confusion pourrait retarder le processus électoral qui connaît déjà de sérieux retards. Toutefois, il faut souligner que cette situation ne retardera pas en principe la prestation de serment des membres de la Cena devant la Cour constitutionnelle donc, l’installation de l’institution et le démarrage de ses activités.
Liste des représentants du Parlement à la Cena
Noms des titulaires                                                Noms des suppléants
1-Adjovi C. Honorat Gaétan A.                              1- Djiman Idrissou
2- Garba Yaya                                                            2- Djossa Théodore
3- Kaki Christophe                                                    3- Koussé Koumba Noël
4- Tchékessi Tagbaho                                               4- Monsia Boni Christophe
5- Agbota Gérard                                                      5- Godonou Barthélémy
6- Alladayé Jérôme                                                   6- Faladé Babalola Hyppolyte
7- Aho Edouard                                                         7- Abdoulaye Anassa
8- Amouda Issifou Rasack                                        8- Dèhoumon Paul
9- Dangoga Nicolas                                                     9 Biaou Judicaël
Aubin  R. Towanou

mercredi 19 janvier 2011

Bénin-Santé publique

L’avenir délicat des PV/VIH-Sida
Depuis deux ans déjà le monde entier est frappé par une crise économique intégrale qui n’épargne aucun secteur d’activité. Une crise qui a atteint un niveau tel que ce n’est plus indécent pour un pays riche de manquer au respect des engagements pris en faveur des pays pauvres. Dans cet environnement d’incertitude totale, les pays du Sud se livrent pratiquement une bataille peu loyale pour accéder du mieux possible à l’aide publique au développement qui se raréfie. Voilà le contexte dans lequel les malades du Sida résidents dans les pays pauvres du Sud doivent attendre les généreux donateurs, contributeurs du Fonds mondial pour le Sida, avant de s’assurer une prise en charge gratuite et efficiente. En tant qu’observateur de la société béninoise et surtout témoin des faits qui la caractérisent, nous nourrissons une certaine inquiétude sur le sujet pour les mois ou même années à venir. Imaginez qu’en Occident, à la Banque mondiale notamment, les responsables dudit fonds ont exprimé leurs inquiétudes, du fait de la crise, dès l’année 2008...

Nous n’avons pas vocation à prendre comme prétexte le malheur des autres pour alarmer l’opinion publique. Cependant le présent commentaire est inspiré d’une réflexion que nous voudrions bien partager avec le grand nombre. Imaginez qu’à une date donnée il était devenu impossible pour les structures impliquées dans la prise en charge des Porteurs vivants avec le VIH (PVVIH) d’assumer leur mission. Pensez-vous que ce soit possible pour les PVVIH de la société béninoise en particulier et à ceux des pays du Sud en général de s’organiser pour revendiquer quoi que ce soit ? A notre sens, étant entendu la particularité de cette maladie et les préjugés de la société à ce propos, une telle organisation a peu de chance de voir le jour. Seule une certaine société civile peut se mettre au devant de la scène pour défendre lesdits malades. Et si cette société civile manquait à son devoir, les PVVIH mourront en série, à petit coup et en silence sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit.
Le mardi 24 novembre 2009, l’Onu-Sida a rendu public un rapport annuel très éloquent. Celui de 2010 ne s’est pas trop éloigné des conclusions de ceux précédents. Si sur le plan global la lutte contre le VIH-Sida a donné des résultats, cette performance générale cache des insuffisances majeures. En effet, aux termes desdits rapports, les pays occidentaux ont connu des avancées significatives et rassurantes. L’Afrique au Sud du Sahara n’est pas du reste. Ses améliorations les plus insignifiantes cohabitent avec ses insuffisances notoires, voire, les plus catastrophiques. Si le Bénin, dans une certaine mesure, peut relativement se réjouir du contenu de ce rapport, ce n’est pas le cas pour le seul pays qualifié d’émergeant en Afrique. Le pays de Nelson Mandela, en vingt ans, a connu une régression de 12 ans de son espérance de vie, principalement du fait de la pandémie du Sida. Il n’y a donc pas matière à « jazzer », quelque soient les relatives performances.

Prendre conscience de la réalité

« A la date d’aujourd’hui il n’est pas alarmiste de clamer haut et fort qu’il y a déjà un certain amenuisement du Fonds mondial pour la lutte contre le Sida. Les acteurs du système le reconnaissent en attendant peut être, on ne sait jamais, le pire. ». Cette affirmation n’est pas de nous, mais d’une personnalité française impliquée dans le fonctionnement du Fonds mondial pour la lutte contre le VIH-Sida. Pour cette personnalité, qui est intervenue plus d’une fois sur Radio France internationale, l’avenir de la prise en charge des PVVIH surtout dans les pays du Sud est préoccupant. Pour elle, plus aucun pays riche n’honore ses engagements vis-à-vis du Fonds. Elle soutient que ceci était une réalité bien avant la crise économique actuelle qui n’a fait que l’accentuer.
Le lundi 16 novembre 2010, le monde entier entendait les cris de détresse d’un Jaques Diouf froissé par le désintéressement affiché par l’Occident face à ces déclarations, pourtant très alarmistes, à propos de la faim dans monde. Selon des statistiques qu’il rapportait à la communauté internationale, dans le monde, au moins une personne mourrait de la faim toutes les six secondes. N’est-ce pas plus préoccupant que la pandémie du Sida ? Pourtant, cette déclaration a laissé indifférents les pays du G8 au point où Jacques Diouf a l’impression d’avoir prêché dans le désert.
Cette digression, nous la faisons pour dire que les inquiétudes que nous évoquions plus haut à propos du Sida doivent nous préoccuper au plus haut point si nous ne voulons pas nous laisser surprendre les semaines, les mois et années à venir. Car, une régression du Fonds mondial entraînerait inévitablement une baisse du taux de prise en charge des malades.
Lorsque vous parcourez le document « Cadre stratégique national de lutte contre le VIH/SIDA/IST 2007-2011 au Bénin», préfacé par le président de la République, et que vous rapporter son contenu à la réalité actuelle, vous vous rendez compte qu’il y a des impératifs qui s’imposent à la société béninoise, quelle soit politique ou civile. Mais, l’observateur averti que nous sommes ne voyons pas venir des initiatives sérieuses et convaincantes à ce sujet. Il est vrai que la situation du Bénin n’est pas aussi alarmiste que cela avec un taux de prévalence moyenne nationale qui tourne autour de 2% pour une population d’environ huit millions d’âmes, selon le document cité plus haut. Mais aussi bas soit ce taux, le Bénin n’est jamais arrivé à prendre en charge la totalité des PVVIH. Les raisons sont multiples et ne dépendent pas toujours de la non disponibilité des produits. Car, il arrive que des malades du Sida ne se rapprochent des structures chargées de la prise en charge par ignorance ou du fait de leur volonté. Dans tous les cas, il est une constance qu’il y a des efforts à faire pour affiner la prise en charge en temps normal. Mais voilà qu’il y a désormais des contraintes majeures qui viennent remettre en cause le circuit traditionnel de mobilisation de ressources pour la prise en charge des PVVIH. En attendant d’espérer que les donateurs révisent leurs attitudes, à la limité suicidaires, il sera cynique d’attendre en croisant tout simplement les doigts.

Des pistes à explorer

Selon les statistiques les plus récentes rendues publiques par l’Etat béninois, plus de cinq mille PVVIH sont pris en charge gratuitement en République du Bénin du fait des structures officielles. Le chiffre en lui seul est assez expressif. Ce chiffre montre en effet que le Bénin est loin de l’objectif de la prise en charge intégrale de tous les PVVIH résident sur le territoire national. C’est la preuve qu’il a encore de nombreux défis pendant que les ressources pour y faire face s’amenuisent.
Le 1er décembre dernier, la communauté internationale a une fois encore sacrifié à la tradition en organisant une série de manifestations de mobilisation autour de la question du SIDA. Les demandes de sponsoring ont encore circulé. Mais pour les documents de projet que nous avons pu parcourir, nous n’avons pas l’impression que notre présente inquiétude soit largement partagée par les acteurs dudit système. En effet, à notre sens, aujourd’hui où il n’y a encore aucune revendication, publiquement exprimée, à propos de la prise en charge plus efficiente des PVVIH, il importe que les acteurs du système se mobilisent autour de la question de la raréfaction du fonds mondial. Cette mobilisation est d’autant plus utile qu’elle permettra d’anticiper afin de prévoir un dispositif national de mobilisation de ressources, et ceci, le plus tôt possible. Lorsque vous circuler dans une grande ville occidentale, où vivent les principaux contributeurs du Fonds mondial, vous trouvez quasiment à tous les coins de rue de grosses caisses de mobilisation de ressources pour financer la lutte contre le Sida. Ce n’est pas parce qu’il existe un Fond mondial de lutte contre le Sida qu’il ne doit plus y avoir dans les pays bénéficiaires dudit fonds un autre dispositif intérieur de mobilisation de ressources en dehors du trésor public. Car, dans un pays pauvre, il y a des hommes qui dégagent un excédent de ressources pour ne pas dire des hommes riches. Il y a au Bénin et ailleurs en Afrique des hommes riches qui peuvent faire preuve de générosité au point de pouvoir prendre en charge au moins un malade qui a besoin d’assistance pour survivre. Aujourd’hui, même avec la crise actuelle, il existe au Bénin des entreprises capables de faire autant, sinon mieux. Mais les occupations de ces personnes physiques et morales ne leur permettent pas de penser, seules à leur niveau, à ces questions. Pour faire d’une telle mobilisation de ressources un événement attractif, l’option d’un Téléthon peut être examinée. Ainsi, la responsabilité des structures en charge de la question est grande.

Nous n’avons pas la prétention d’avoir la meilleur inspiration qui soi. Il s’agit tout simplement d’une contribution citoyenne à une préoccupation publique qui mérite une certaine attention en cette période que nous traversons. Notre souhait est que les voix les plus autorisées se saisissent du sujet afin que nos idées soient affinées dans le but d’aboutir à une stratégie nationale de mobilisation de ressources. Des ressources intérieures indispensables à la lutte mondiale contre le fléau du Sida.

Aubin R. Towanou

dimanche 16 janvier 2011

Bilan de cinq ans de gouvernance à la tête du Bénin

Les ambitions limitées de Boni Yayi…
Boni Yayi, président de la République du Bénin
A l’issue de la rencontre organisée par le gouvernement pour évaluer le chemin parcouru au bout des cinq ans de gouvernance de Boni Yayi à la tête de la République du Bénin, c’est sur une note de satisfecit que les participants se sont séparés. Ils s’accordent en effet sur le chiffre d’environ 90% de taux de réalisation du programme d’action réaménagé du candidat qu’a été Boni Yayi en 2006. Pour d'autres, il faut limiter ce chiffre à 85%. Les Béninois devraient s’en réjouir puisque c’est la première fois qu’un régime a osé se faire un tel sentiment de satisfaction à l’issue d’un singulier mandat de cinq ans. Cet optimisme exprime la réalité selon laquelle ceux qui gouvernent actuellement le Bénin sont si bien informés des réalités béninoises avant leur prise du pourvoir et une fois installés, sont si inspirés qu’ils n’ont pris que les bonnes options. Toute chose qui leur a permis d’atteindre leurs objectifs à un niveau tel que même les gouvernements des pays à ressources illimitées et connues d’avance ont de précieuses choses à venir apprendre au Bénin du changement.
90% de taux de réalisation d’un programme d’action, c’est quasiment 100% à l’échelle des hommes modestes. Loin de nous l’intention de douter de la modestie des princes qui gouvernent le Bénin aujourd’hui. Seulement voilà ! En tant que Béninois vivant au Bénin, sans recourir au rapport de la conférence qui a abouti au constat des 90% de taux d’exécution, nous nous permettons de faire quelques observations pouvant conduire à un jugement de valeur. En effet, lorsque le gouvernement du Bénin affirme qu’il a exécuté à 90% le programme d’action du régime, nous avons la faiblesse d’avoir le sentiment que le régime n’est pas ambitieux pour le Bénin. Autrement dit, si tout ce qu’il y a de catastrophique aujourd’hui, si tout ce qu’il y a d’incompréhensible aujourd’hui ne relèvent que de 10% d’inaction, alors, au départ, le régime n’avait aucune ambition pour le Bénin. Imaginez que dans un pays où, pendant cinq ans, le gouvernement s’est évertué à mettre en œuvre 90% de son programme d’action, il ne soit pas possible de prendre le moindre axe routier sans endommager l’état de la voiture empruntée. Pour être précis, depuis plusieurs années déjà, au cours du quinquennat, il n’est pas possible de traverser le Bénin de Cotonou, le littoral, jusqu’à Malanville, la ville la plus septentrionale, sur une route parfaitement carrossable. Sur ce tronçon, entre Cotonou et Bohicon, c’est un calvaire. De Bohicon à Parakou, passant pas Dassa-Zoumé, la route était acceptable jusqu’à un passé récent. De Parakou à Kandi, il n’y a quasiment pas de voie. C’est seulement de Kandi à Malanville qu’on peut se sentir être dans un pays gouverné. Pourtant, c’est cet axe routier que les camions empruntent pour transporter des marchandises en provenance du Port de Cotonou vers les pays de l’hinterland sans littoral. Et lorsqu’on sait, (chiffres du ministère des finances) que cet axe permet au budget national d’engranger près de 50% des ressources mobilisables au plan interne, peut on affirmer que les dirigeants actuels sont ambitieux lorsqu’ils arguent qu’ils ont exécuté leur programme d’action à raison de 90% ? Il s’agit d’une interrogation objective. Car, cet axe n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les axes Cotonou-Ilakodji, Ouidah-Lokossa, Dassa-Savalou-Bassila, etc. sont tout autant dans un état peu recommandable. Nous avons du mal à croire que tous ces dégâts là ne relèvent que de 10%, d’inaction. Et lorsque dans une telle situation, on affirme que le régime actuel a effectué 400 kilomètres de routes en cinq ans, soit le tiers de tout ce qui est fait depuis 1960, nous avons l’impression que non seulement le régime actuel n’est pas ambitieux mais il a tendance à prendre ses mandants comme des stupides. Il n’est pas tard pour bien faire. Revenir sur des propos tenus tambour battant est un exercice favori du régime au cours des cinq dernières années. Peut être que les réactions que ce bilan suscite ramèneront ses auteurs à la raison.
A R T

mardi 11 janvier 2011

En marge de la fête des religions traditionnelles au Bénin

Zomahoun Rufin intronisé « OLOGONAN » des « Idaasha »
Zomahoun Rufin, sinologue, conseiller spécial du président Boni Yayi
Le palais royal des « Idaasha » a enregistré, le lundi 10 janvier 2011, l’entrée en fonction d’un nouveau ministre de la défense aux côtés du roi Egbakotan II. Le fils du terroir, Zomahoun Rufin, conseiller spécial du président de la République, a été investi « Ologonan » (ministre de la défense, chargé de la culture de la paix) du royaume des « Idaasha ». C’était dans une cérémonie rituelle et publique ayant connu la participation d’une foule en liesse en plein cœur de la ville de Dassa-Zoumé.
Sous l’œil attentif du directeur de cabinet du ministère chargé de la culture, Latif Hokpo, et sous le regard admiratif d’une foule d’amis, de parents et de curieux, la ville de Dassa-Zoumé a abrité ce lundi 10 janvier 2011 la cérémonie solennelle consacrant l’intronisation de Zomahoun Dossou Rufin en tant que « Ogolonan » des Idaasha, ministre de la défense, chargé de la promotion de la paix, aux côtés du roi Egbakotan II. Il a acquis ce titre depuis le 7 août 2010 à la suite d’une série de rituels dont la consultation du Ifâ. Les enseignants de la « Fondation Ifè » disposant d’une école d’enseignement du Japonais, accompagnés d’une forte délégation de l’ambassade du Japon au Bénin, étaient présents lors de la phase publique de la cérémonie qui s’est déroulée sur la grande place publique attenante au Palais royale des 41 collines. Le ministre chargé des enseignements maternel et primaire, Félicien Tchabi Zaccari ainsi que plusieurs personnalités publiques ont rehaussé par leur présence la cérémonie.  Avant cette phase publique des manifestations, le récipiendaire a subi, pendant plus de vingt quatre heures, la phase rituelle au couvent et aux lieux saints du palais royal des Idaasha tantôt dans la forêt, tantôt sur des collines.
Une cérémonie riche en couleur
La coïncidence du sacre de Zomahoun Rufin avec la célébration de la fête des religions traditionnelles, notamment du Vodoun, a donné un caractère très riche en couleur aux manifestations. Les adeptes de plusieurs cultes et divinités ont eu droit à des démonstrations publiques sous les ovations d’un public averti et enthousiaste. De mémoire d’homme, aucune intronisation ou fête de Vodoun n’a drainé autant de monde a indiqué un dignitaire du palais royal qui saluait la popularité de l’heureux récipiendaire. En effet, très tôt le matin, pendant que Zomahoun Rufin suivait les rituels, la fête des religions traditionnelles se déroulait au palais royal des Idaasha concomitamment avec des animations culturelles assurées par des hommes et des femmes dans des tableaux riches et variés mettant en valeur l’art et la culture Idaasha.
Le soutien au candidat Boni Yayi
Par une intervention, faite de remerciements, de prières et de bénédictions le roi Egbakotan II a lancé la phase populaire de la cérémonie d’intronisation de son fils et tout nouveau ministre de la défense, chargé de la culture de la paix, Zomahoun Dossou Rufin. Après être vêtu de sa tenue d’apparat sous les coups de canon, le nouveau ministre de la défense du roi des « Omondjagoun » a annoncé à l’assistance que la décision prise par ses paires de susciter et de soutenir la candidature du président Boni Yayi à l’élection présidentielle de février 2011. Après quoi, il exécute des chants guerriers en agitant une queue de cheval et prononçant des panégyriques propres à la grande civilisation Idaasha. Il importe de souligner que Zomahoun Rufin est le conseiller spécial du président de la République, chargé des affaires économiques en Asie et en Océanie. Notons que ZOMAHOUN Dossou Rufin est né le 15 juin 1964 à Dassa-Zoumé au pied d’Oké-Otchoro à Ilou-Ilé. En 1981 le jeune Rufin Dossou ZOMAHOUN intègre le rang des Omon-Adjéna de plein droit à la suite de la mort de son père Pierre Enabouha. Il devient prince héritier à la suite d’une série de rites selon la tradition et a gravi des échelons au sein de la dynastie royale d’Egba-Omondjagou. Depuis 1992, il a atteint le rang des Iba à Yaka dans la troisième chambre. Il sera ensuite admis dans la première chambre le 18 août 2008.
A R T
Le blocage persiste malgré la visite d’Obasanjo en Côte d’Ivoire
 
L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a multiplié en vain les entretiens avec le président sortant Laurent Gbabgo et son rival Alassane Ouattara. 
Obassanjo, ancien président du Nigeria

L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo a quitté Abidjan ce lundi 10 janvier 2011, après deux jours de médiation pour tenter de trouver une issue à la crise opposant les deux présidents ivoiriens proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. La situation politique est toujours bloquée, avec le président sortant Laurent Gbagbo sous la menace d'une opération militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'il ne cède pas le pouvoir à Alassane Oattara, reconnu chef d'Etat par la communauté internationale.
La situation est toujours dans l'impasse, malgré cette visite, ce week-end à Abidjan, de l'ancien président du Nigeria Olusegun Obasanjo. Ce déplacement n’avait pas été annoncé et aucune communication n’a été publiée à l’issue des entretiens que l’ancien président Olusegun Obasanjo a eu successivement avec Laurent Gbagbo, puis Alassane Ouattara.
Dans l’entourage de Laurent Gbagbo on précise que « toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour tenter de dénouer cette crise politique » et que ce déplacement démontre que « la voie de la force s’éloigne ». On ajoute aussi qu’on se retrouve aujourd’hui dans la recherche d’une « solution négociée ».
Aucune autre visite prévue
Ce que dément le camp d’Alassane Ouattara qui rappelle que l’ancien président nigérian est un « fin connaisseur de la Côte d’Ivoire » et qu’il a déjà eu à gérer cette crise, alors qu’il était président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
« Il est venu à Abidjan uniquement pour demander à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir et lui rappeler que l’option militaire n’est toujours pas écartée, précise un très proche conseiller d’Alassane Ouattara. »
Aucune autre visite d’Obasanjo n’est, semble-t-il, prévue en Côte d’Ivoire pour le moment.
Source Rfi

mercredi 5 janvier 2011

Pour satisfaire leur égo face à l’avenir politique du pays

Les politiques béninois jouent avec le destin des Béninois
                                                                   Boni Yayi, président de la République du Bénin

Les hommes politiques béninois se sont engouffrés dans des calculs politiciens un peu trop égoïstes. Ils ont choisi de mettre, et sans retenu, l’intérêt de la nation de côté pour défendre leurs positions, leurs avantages immédiats de sorte de ne craindre, ce qui est une première dans l’histoire de la démocratie béninoise, le pire pour l’ensemble de la communauté nationale. Sinon, comment comprendre l’immobilisme ambiant actuel sur le chemin du processus devant conduire à l’organisation, à bonne date, des élections présidentielle et législatives de mars 2011, une contrainte constitutionnelle par surcroit.
L’article 68 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 dispose : « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées de manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et constitutionnels est menacé ou interrompu, le Président de la République, après consultation du Président de l’Assemblée Nationale et du Président de la Cour Constitutionnelle prend en conseil des Ministres les mesures exceptionnelles exigées par les circonstances sans que les droits des citoyens garantis par la Constitution ne soient suspendus.
Il en informe la Nation par un message.
L’Assemblée Nationale se réunit de plein droit en session extraordinaire »
Si nous nous situons dans le cadre républicain, et que la gouvernance au sommet de l’Etat béninois était lucide et conséquente, le président de la République aurait recouru déjà à cette disposition de la Constitution afin de mettre en vigueur les lois électorales et lancer résolument le processus électoral attendu par les Béninois comme étant un rendez-vous constitutionnel incompressible. Une démarche qui serait même conforme à l’engagement que le président Boni Yayi a été contraint de prendre à New York en présence du secrétaire général des Nations unies il y a quelques semaines. On pourrait relever dans notre logique une insuffisance. Celle qui consiste à résoudre la question de l’ « immédiateté » bien inscrite dans le texte de la disposition constitutionnelle évoquée plus haut. Bien sûr que nous n’avons pas perdu de vue cette réalité. Mais nous sommes au Bénin et nous savons qu’il y a plus de deux ans, le président de la République a pris une ordonnance pour s’autoriser à ratifier un accord de prêt relatif au financement du projet de construction d’épis pour arrêter l’avancée de la mer. Seulement voilà, depuis deux ans, que cette ordonnance a été prise, rien ne laisse présager du démarrage des travaux avant le terme de son mandat en cours. Nous avons dont de bonnes raisons d’indiquer que l’immédiateté dans le cadre de l’organisation des prochaines élections qui devraient se tenir constitutionnellement en mars prochain est une réalité face à un hypothétique projet de construction d’épis. Ainsi, pourrait-on assimiler le silence du chef de l’Etat à une volonté de laisser pourrir la situation actuelle parce que ne voulant pas lui-même de la tenue des élections. Car, même à ceux qui brandiront la volonté du chef de l’Etat de laisser chaque institution jouer son rôle, on peut répondre que non. Puisque, depuis quelques mois au Bénin, il n’est plus possible pour le Parlement de légiférer librement en votant de lois qui ne répondent pas aux aspirations du même président Boni Yayi. La preuve est là que toutes les dispositions législatives votées au Parlement sans son accord sont systématiquement déclarées contraires à la Constitution par la Cour constitutionnelle au sein de laquelle il dispose d’une majorité absolue et à 100%. Il y a en effet désigné la quasi-totalité des membres. Puisque c’est uniquement ce qu’il veut qui peut figurer désormais dans les lois électorales, il est plus productif pour le Bénin, en terme d’énergie, de ressources humaines et de temps, qu’il prenne autant d’ordonnances qu’il veut pour mettre en vigueur les lois électorales taillées à sa mesure pour mettre enfin en route le processus électoral. Depuis quelques mois, les aveugles voient, les sourds entendent et les muets prononcent des mots pour comprendre que l’Etat Yayi est résolument quasiment installé sur la terre des Béhanzin, Bio Guéra etc. Seulement, voilà qu’en démocratie, les Etats du genre ne font pas réélire un président à l’occasion d’une élection transparente et équitable. Les présidents sénégalais Abdoulaye Wade, togolais Faure Gnasingbé, gabonais Ali Bongo, ivoirien Laurent Gbagbo en savent beaucoup. Mathieu Kérékou, en homme averti, en savait beaucoup et a pu tirer royalement son épingle du jeu malgré ses courtisans zélés.
Il serait irresponsable de notre part de rendre strictement Boni Yayi responsable de tout ce qui se joue de cynique et dangereux sur la tête des Béninois. Seulement voilà, avec toute la bonne volonté de l’analyste que nous sommes, bien qu’il y a des actes politiques d’une certaine gravité à mettre à l’actif de l’opposition béninoise, il est une réalité que le régime politique instauré par la Constitution du 11 décembre 1990 est présidentiel avec un président de la République très fort. Un président qui peut gouverner en contournant le Parlement. L’essentiel est qu’il soit clairvoyant de manière à conduire la barque au bon port tout en respectant les grands principes démocratiques, notamment ceux contenus dans la loi fondamentale afin d’éviter les contestations majeures pouvant conduire au chaos.
A R T

Déclaration de candidature pour la présidentielle de mars 2011

Abdoulaye Bio Tchané désormais engagé dans la bataille

Abdoulaye Bio Tchané, candidat à la présidentielle du Bénin, actuel président de la BOAD

Mesdames, Messieurs de la Presse,
Chers Compatriotes,
Les mots me manquent pour vous exprimer ma gratitude et ma joie de vous voir venus si nombreux. Permettez-moi alors de vous dire simplement ceci :
-A mes frères et sœurs venus du Zou et des Collines    je dis : Mi Kuabo ;-A mes frères et sœurs du Septentrion, je dis : Wofo nan kayo ; bêkaweru ;-A mes frères et sœurs venus de l’Ouémé et du Plateau, je dis : Ekaabo ;
-
Enfin, à mes frères et sœurs venus du Mono et du Couffo, je dis : Miozon, Mianwézon.
A mon feu père Hadj Moussa BIO TCHANE et ma mère Hadja Lamissi BIO TCHANE dont les soutiens moraux et matériels m’ont accompagné toute ma vie, je dis merci. Je tiens tout particulièrement à dire le mérite de ma mère et de ma 2ème maman Hadja Modukpè BIO TCHANE, deux braves et infatigables dames, qui malgré le décès prématuré de mon père, n’ont ménagé aucun effort pour faire de moi et de mes frères et sœurs ce que nous sommes aujourd’hui.
A toute la famille BIO TCHANE qui m’a toujours soutenu et dont je suis fier, je dis merci.
A mes chers enfants : Salim, Yacine et Cheikh Omar,  je veux dire un spécial merci et combien je les aime. Et je salue, la mémoire de leur mère feue Hadja Mariam Adebi. Toujours sur une note personnelle, je veux dire ici mon immense gratitude à feu Guy Pognon qui fut mon patron, mon mentor, mon ami.
Enfin, à vous tous ici présents, je redis merci.
Croyez-le, c’est avec beaucoup d’émotion que je me tiens devant vous ce soir. La raison de notre présence en ces lieux, vous le savez tous, n’est pas juste pour deviser mis pour arrêter les polémiques et apporter enfin une réponse claire à vos multiples sollicitations parfois de longue date.
Chers compatriotes,
C’est avec beaucoup d’humilité, que je voudrais vous informer, que j’ai décidé de répondre, Oui, à vos appels. Oui, je serai Candidat aux élections présidentielles de 2011, et j’aimerais saisir cette occasion, pour vous témoigner sur ma foi et mon amour, ma profonde reconnaissance, pour toutes ces marques de confiance et de considération. Vos mots d’encouragement, de bienveillance, de sympathie, d’engagement et de dévouement ont, soyez en convaincus, beaucoup pesé dans ma décision de cette soirée solennelle. Je réponds donc Oui à mes frères et sœurs du Nord et du Sud comme je réponds Oui à mes frères et sœurs de l’Est et de l’Ouest.
Beaucoup d’entre vous me connaissent depuis de longues années déjà et peuvent dire sans la moindre hésitation le genre d’homme que je suis. Mais pour ceux d’entre vous, qui ne me connaissent pas véritablement, laissez-moi vous dire simplement ceci : je ne suis pas un homme impulsif  mais un homme posé ; je ne suis pas un homme d’hésitations mais un homme de convictions ; je ne suis pas un homme de vaines promesses mais un homme de paroles ; et assurément, je ne suis pas un homme de problèmes mais un homme de réponses, qui assume pleinement ses responsabilités.
Aussi, très chers compatriotes, Si je me permets de me tenir devant vous ce soir, c’est parce que des signes précurseurs de division de notre pays s’amoncellent et risquent de compromettre l’avenir de notre jeunesse. Si je suis ici ce soir, c’est parce qu’à l’heure où je vous parle, de nombreuses familles vont au lit sans avoir mangé. Si je suis ici ce soir, c’est parce que le marasme économique qui prévaut est trop criard pour qu’un patriote reste indifférent. Si je suis ici ce soir, c’est parce que des milliers de parents se demandent comment assurer la rentrée scolaire de janvier 2011. Si je suis ici ce soir, c’est parce que plus de la moitié de nos concitoyens, dans de nombreux villages et quartiers des villes, cherchent où trouver de l’eau potable. Si je suis ici ce soir, c’est parce que trop de nos sœurs meurent encore en donnant la vie, faute de soins appropriés. Si je suis ici ce soir, c’est parce que le taux de mortalité infantile, reste encore trop élevé dans notre pays. Si je suis ici ce soir, c’est parce que beaucoup de nos jeunes diplômés se retrouvent sans emplois. Si je suis ici ce soir, c’est parce que plus de 6 millions de nos concitoyens sont dans l’obscurité à cet instant précis, car ils n’ont pas accès à l’électricité. Si je suis ici ce soir, c’est parce que trop de béninois vivent dans la frayeur, paniqués par l’insécurité qui prévaut dans nos villes et nos villages. Si je suis ici ce soir, c’est parce que le système démocratique béninois est fortement mis à mal. Si je suis ici ce soir, c’est parce que nous assistons impuissants à la dégradation de notre environnement. Enfin, Si je suis ici ce soir, c’est pour vous dire, qu’avec votre aide, je peux remédier à tout cela.
Chers compatriotes,
Je vous dis Oui ce soir pour qu’ensemble, nous apportions des réformes dans tous les domaines afin que  chaque béninois puisse dire fièrement « Je vis mieux aujourd’hui, ma famille est en sécurité et je sens que demain sera meilleur » ; et que particulièrement chaque béninois de la diaspora puisse se targuer de dire, « j’ai hâte de rentrer dans mon pays où une multitude d’opportunités m’attendent ».
Chers compatriotes, il est temps ! Il est temps que le Bénin décolle véritablement !
Alors,  battons-nous  dès  maintenant  pour un BENIN meilleur, où il fera bon vivre, un BENIN envié de tous et respecté sur le plan international. Croyez-moi, c’est possible et je m’engage à vos côtés, en homme responsable qui connaît parfaitement son pays. OUI, Je connais notre peuple du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest et je vous dis BENIN, nous pouvons et nous devons faire mieux.
Mon expérience gouvernementale de 1998 à 2002, m’enseigne que nous pouvons faire mieux. Mon expérience régionale et internationale, m’enseigne également que nous pouvons faire mieux et largement mieux. Enfin, mon ascendance familiale m’enseigne que nous pouvons faire beaucoup mieux.
En effet, de par mon père, j’ai été très tôt bercé dans la chose politique. Député à l’Assemblée Nationale, il fut aussi Ministre des Finances. C’est donc naturellement que j’ai développé une passion pour la politique. Des valeurs que mon père m’a transmises, je veux citer l’humilité, la loyauté, l’honnêteté et surtout l’amour du travail bien fait. Et je vous promets, comme j’ai eu à le faire auparavant, que je servirai le Bénin dans la droite ligne de ces valeurs si précieuses à mon cœur.
Mes très chers compatriotes,
Il y a tellement de choses que j’aimerais  partager avec vous ce soir, mais la Campagne n’étant pas encore officiellement ouverte, nous discuterons de mon projet de société ultérieurement. Toutefois, je ne saurais vous quitter sans donner un aperçu, de quelques axes majeurs du Bénin tel que je le rêve.
Les actions qui transformeront ce rêve en réalité, portent sur les trois piliers que sont : le politique, le social et l’économie.
Permettez-moi avant de vous exposer ma vision politique, de rendre un hommage appuyé aux forces politiques béninoises. Au plan politique, nous renforcerons et rendrons intangibles les acquis de l’historique Conférence Nationale des Forces vives de la nation, tel que scellé dans notre Constitution du 11 décembre 1990.
Ensuite, les Institutions de contre  pouvoir seront confortées dans leurs prérogatives constitutionnelles, afin de leur permettre d’assurer pleinement leurs missions républicaines.
En outre, j’aimerais féliciter mes amis de la presse pour le rôle combien déterminant qu’ils ont joué dans l’éclosion de l’ère démocratique au BENIN et son évolution depuis. Ceci nous oblige à leur restituer, avec de réels attributs et accompagnements, la place de quatrième (4ème) pouvoir qui leur revient de plein droit.
Pour ce faire, je m’engage à dépénaliser les délits de presse, libéraliser l’accès aux fréquences radio, démocratiser l’accès à la télévision et enfin, vulgariser l’accès à l’Internet, en particulier dans les universités.
C’est seulement ainsi, à mon humble avis, que nous améliorerons substantiellement notre position dans le classement mondial des libertés de la presse, où nous avons considérablement reculé.
Par ailleurs, je souhaite que nous fassions de la décentralisation, le véritable outil de participation politique que nos populations réclament. La décentralisation doit aussi et surtout  être une opportunité économique que nous devons  saisir en donnant aux communes des moyens substantiels de réaliser des investissements et de créer des emplois. Ceci pour permettre aux populations à la base, de bénéficier des retombées économiques afin que s’amorce un développement durable et équilibré entre les régions du BENIN.
Chers compatriotes,
Les grandes réformes à entreprendre n’occulteront pas je vous le promets, le régime politique de type présidentiel consacré par la Constitution du 11 Décembre 1990. L’expérience des pays de la sous région, notamment de notre grand voisin et même la pratique au Bénin ces 20 dernières années, enseignent qu’il est indispensable que chaque partie du territoire national se sente convié à participer à la gestion du pouvoir politique. Ainsi, tout en préservant le caractère présidentiel du régime, je m’emploierai à l’instauration d’un poste de premier ministre auquel de réels pouvoirs seront décernés pour la conduite efficiente de l’action du gouvernement et de sa coordination.
Le but visé par ces réformes politiques est de créer un cadre politique qui libère les initiatives et qui permette l’amélioration des conditions de vies de nos populations. Aussi, nous bâtirons,  au plan social, une société plus juste et plus solidaire.
C’est dans cette optique que je fais miennes les réflexions de Jean  Bodin, un célèbre économiste du XVIe siècle, qui affirma je cite «  Il n’est de richesses que d’hommes » fin de citation. En effet, que serait le Bénin sans les béninois ?
La véritable richesse d’un pays n’est donc pas constituée par ses ressources pétrolières ou minières, mais en premier lieu par le savoir et la qualité de travail de ses fils et filles, seuls capables d’exploiter les énormes potentialités de ce pays.
C’est donc sur vous chers concitoyennes et concitoyens que je voudrais fonder la dynamique du décollage et de l’essor d’un BENIN, où devra s’instaurer une société plus juste et plus solidaire, afin que nous fassions du prochain cinquantenaire, celui du Bénin. Et ce cinquantenaire débutera dès le 6 Avril 2011. Nous pouvons y arriver car il est impensable que les béninois puissent être les meilleurs à l’étranger et qu’ils demeurent incapables de transformer leur pays. Je crois en vous et moi, et c’est à ce défi que je veux nous engager. Vous vous demandez certainement comment pouvons-nous y arriver sans un emploi décent, qui reste une aspiration essentielle et un impératif pour tout Béninois. Il est donc logique que l’emploi soit notre priorité absolue. Je suis convaincu, pour  avoir connu les ravages de la montée du chômage, que des avancées dans le domaine de l’emploi seraient décisives  pour  rétablir l’équilibre et la confiance en elle – même de la société béninoise. Le sentiment d’un échec collectif sur cette épineuse question fonde mon engagement à l’attaquer et à le résoudre quoi qu’il nous en coûtera. Ainsi, la lutte contre le chômage sera le menu principal et j’en ferai l’axe majeur de ma politique pour dire que cette situation où 72 % de nos jeunes sont sans emploi n’est pas une fatalité mais une opportunité à saisir. Mais me direz-vous, ABT avant de travailler, il faut d’abord aller se former afin de pouvoir prétendre plus tard à un emploi décent. C’est la raison pour laquelle, l’éducation et l’égalité devant celle-ci, seront au cœur de mes préoccupations.
Au cours de mes nombreux entretiens avec mon ami Gaston, Enseignant à l’Université de Calavi, il m’est apparu que le fait que le système éducatif et le système économique fonctionnent parallèlement, ne favorise pas l’insertion professionnelle rapide des jeunes diplômés dont le nombre va croissant au fil des ans. N’est-ce pas, vous en conviendrez avec moi, une tragédie pour une famille d’avoir un enfant qui durant tout son cursus fut excellent et une fois ses études terminées retourne à la maison, constituant un fardeau de plus pour ses parents qui se sont sacrifiés pendant de longues années pour assurer son éducation? Oui, cette tragédie est vécue dans nombre de familles aujourd’hui au BENIN et la tendance n’est guère à une amélioration. Il faudra donc face à ce fléau une thérapie de choc dont un des traits est la mise en œuvre du principe de l’adéquation entre la formation et l’emploi. Nous investirons, pour la réhabilitation et la construction d’infrastructures scolaires ; nous investirons dans la création de 2 universités pour décongestionner les 2 universités actuelles, qui elles-mêmes seront réhabilitées. Dans le même temps, nous ferons de la revalorisation de la fonction d’enseignant une priorité, en insistant notamment sur la rémunération et la place de l’enseignant dans la société béninoise.
Chers compatriotes, il est certain que la lutte pour l’emploi ne peut être dissociée de l’action pour une formation tout au long de la vie. Il importe alors de bâtir, pour ces publics particuliers, des programmes situés à la charnière du système éducatif et de la formation professionnelle.
A Faouzi, étudiante à Calavi, à Marc, chômeur et à Maxime, transitaire d’occasion à Cotonou et plus généralement aux jeunes béninois, je m’engage dans les cinq prochaines années à mettre en œuvre les reformes légales et économiques nécessaires pour créer deux cent cinquante mille (250.000) emplois, soit environ cinquante mille emplois par an dans différents secteurs d’activités de notre pays. J’aurais pu vous donner un nombre plus important, mais je vous dis ce qui est immédiatement réalisable car je prône la transparence et la confiance mutuelle dans nos relations. Je m’attends qu’après ce discours, d’autres viennent vous dire qu’ils produiront davantage d’emplois, vous devrez exiger alors de ces derniers de dire les secteurs qui généreront ces emplois et leur financement.
Toujours à nos jeunes, je promets la création d’un fonds national du sport, doté de 50 milliards de francs sur le quinquennat, pour la promotion du sport de masse et d’élite. Nous construirons des stades dans les quatre chefs lieux de départements qui n’en n’ont pas ; nous ferons la promotion du sport d’élite et nous promettons que dans les cinq ans qui viennent, le Bénin sera fièrement représenté par des équipes compétitives pour les coupes africaines et les coupes mondiales.
A Fadairo et à mes amis artistes béninois si créatifs, si entreprenants et si optimistes,  je m’engage à renforcer le budget de la culture pour faire des services culturels un axe de notre économie au sein de cette économie de services que j’entends promouvoir pour que notre culture reluise sur la scène internationale et que nos artistes puissent enfin vivre de leur art. Je porterai à 2 milliards par an, la subvention à la culture et nous investirons 20 milliards au cours du quinquennat, pour la construction d’une école des arts, d’un grand théâtre national et la rénovation des palais royaux. Et pour associer davantage le secteur privé, je ferai voter une loi ambitieuse sur le mécénat culturel et sportif. Dans le même ordre d’idées, je créerai un fonds de l’artisanat doté de 20 milliards pour relancer l’artisanat béninois et le mettre sur le marché mondial.
Président, me direz-vous encore, à quoi nous serviraient tout ceci si nous ne pouvons pas nous soigner. Vous avez raison, le bien-être de tout homme lui permet de se donner à fonds pour les œuvres d’édification de la nation. Cela s’entend et nous impose la prise en compte des préoccupations sanitaires de nos populations. Oui ! La santé est capitale.
Comme notre école, notre système sanitaire s’est délabré et compte un personnel démotivé. Le système entier a besoin d’être réformé. En plus de la construction, de la réhabilitation, de l’achat d’équipements, des formations sanitaires surtout dans les régions les plus démunies, nous avons besoin d’améliorer la rémunération de nos infirmières, nos sages femmes, nos médecins et de tous nos agents de santé. Je lancerai dans le quinquennat, la construction d’un nouvel hôpital de référence, de type CNHU aux standards internationaux, afin de mieux adresser les cas de références et d’urgences.
Permettez-moi de partager avec vous, une histoire qui me touche profondément. J’ai connu Ben, il y a quelques années, c’est un enfant mal soigné pour une poliomyélite et qui en traîne les séquelles à vie. Sa paralysie fait de lui un handicapé moteur en raison de l’inefficacité du système de prise en charge médicale. Ces genres d’handicap sont légion dans notre pays et  nous y apporterons une solution idoine qui passera par le renforcement de la capacité des centres sanitaires à prévenir et à mieux traiter les affections  qui occasionnent le plus souvent des handicaps moteurs, visuels, mentaux et autres. Oui, le BENIN, sous mon mandat,  mettra les moyens qu’il faut pour lutter contre les handicaps et favoriser la réinsertion des personnes handicapées dans notre société, car c’est aussi le sceau et la caractéristique d’une société plus juste et plus solidaire.
Je me plais à échanger  fréquemment avec mes sœurs, des conditions de vie des jeunes béninoises. Bien qu’en moyenne plus instruites et plus fortunées que les femmes rurales, ce sont elles, notamment Mémouna, Ismath et Yvette, qui m’ont ouvert les yeux sur les difficultés quotidiennes de la femme béninoise. C’est la raison pour laquelle, elles jouent toutes un rôle dans la gestion de l’ONG Donga Women Microfinance, institution de microfinance que j’ai créée en 2000 pour assister les femmes de la Donga et qui depuis sa création a permis à plus de 60 000 femmes de s’auto suffire et de nourrir leur famille.
Mes sœurs béninoises,
Sans être exhaustif, j’aimerais vous dire que, d’abord et avant tout, je créerai un environnement institutionnel qui promeut la femme dans les domaines politique, économique et social. Les femmes auront au moins 40 % des portefeuilles dans mon gouvernement et je me battrai pour une meilleure participation des femmes à l’Assemblée Nationale et dans les institutions de la République. Je lancerai le programme national générateur de revenus pour les femmes PROGREFEM et dont l’objectif sera d’assurer à chaque femme rurale un revenu décent mensuel grâce à une activité économique durable. PROGREFEM sera doté au terme du quinquennat de 135 milliards de francs cfa.
Aux jeunes  béninoises, notamment à Ahouéfa que j’ai rencontré à Athiémé, à Lucienne que j’ai vu à Abomey et à Fati de Natitingou je dis oui nous poursuivrons et amplifierons la microfinance. Je porterai de 30 000 FCFA à 100 000 FCFA le plafond du prêt aux individus et j’offrirai aux coopératives de femmes des plafonds de 1 000 000 FCFA. Une nouvelle structure de microfinance dotée de  50 milliards naîtra en remplacement de l’actuel Fonds national de microfinance.
Au plan économique
Oui, nous devons construire une société plus solidaire où chaque béninois est fort de pouvoir compter sur l’autre et sur l’Etat pour donner le meilleur de lui-même. Mais pour reprendre en main le destin de notre pays et pour financer de manière soutenable cette solidarité, nous devons construire une économie plus forte et compter d’abord sur nos propres forces et ressources.  Je vous dis que notre économie mieux gérée est potentiellement assez forte pour générer les revenus nécessaires à une croissance plus forte. Et ce sont les fruits de cette croissance qui nous financeront cette solidarité.
Les ressources générées par cette croissance et les économies réalisées sur les dépenses produiront les moyens pour financer les programmes sociaux et d’investissement.
En effet, nous nous donnerons les moyens d’une croissance économique plus forte de l’ordre de 8 % à l’horizon 2015, sur la base d’une meilleure performance des deux piliers économiques que sont le développement rural et les services.
Le point de départ de la mise en ordre de notre économie passe par le retour à une gestion orthodoxe de nos finances publiques. Au niveau des ressources, nous mettrons en œuvre une stratégie plus pertinente et plus objective de mobilisation en rupture avec le harcèlement fiscal actuel. Nous devons tous adhérer à l’ambition de redresser notre économie et cela passe par la création, par le secteur privé, des richesses qui peuvent être taxées. Je dis de la manière la plus solennelle, que nous devons célébrer nos hommes et nos femmes d’affaires au lieu de les réprimer et de freiner leur ardeur et leurs initiatives. Pour ce qui est des dépenses, nous devons réduire substantiellement le train de vie de l’Etat par l’élimination des institutions superflues et sans aucun rapport avec une gouvernance efficace. Il nous faut poursuivre la modernisation de la chaine de dépense et réduire de manière substantielle les ordres de paiement et les marchés de gré à gré.
Et pour aider les entreprises à équilibrer leurs comptes, je prends l’engagement ferme que nous rembourserons d’ici 2012 tous les arriérés de paiement qui s’élèvent aujourd’hui à plusieurs dizaines de milliards de francs cfa.
Sur le plan structurel, un programme massif d’investissement d’un montant total de plus de 2 000 milliards sera entrepris pendant les cinq ans.
Indépendamment des programmes spécifiques dont j’ai parlé plus tôt, nous réaliserons les principales routes pour désenclaver nos communes ; nous nous engagerons dans le programme « une commune, une route » destiné à assurer une liaison permanente entre la commune et le chef lieu de département. La construction des écoles, des centres de santé et des maisons de la jeunesse sera désormais la responsabilité des communes, car nous le savons, il est plus efficace et moins couteux de le faire ainsi ; nous allouerons un budget annuel de 65 milliards à la disposition des 77 communes. Les communes de Cotonou, Porto-Novo et de Parakou, bénéficieront de programmes spéciaux qui seront définis en étroite collaboration avec leurs élus locaux.
Le chemin de fer Cotonou – Parakou sera réhabilité et nous lancerons la construction du chemin de fer Parakou – Niamey. Un tramway sera également construit à Cotonou pour assurer une meilleure fluidité du transport urbain de cette ville.
Sur le principe d’une politique transversale de développement durable, nous réformerons l’agriculture pour passer dans les 10 ans d’une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. Je proposerai dès 2011 une loi d’orientation agricole pour que nos agriculteurs aient un cadre d’actions permanent, lisible et stable. A mon ami Gaston GADO, cotonculteur, je dis, nous produirons dans 5 ans plus d’un million de tonnes de coton en améliorant les rendements et nos techniques culturales. A Comlan de Toffo, producteur de céréales, je dis que nous porterons la production de maïs à plus de 2 millions de tonnes en 5 ans.
Nous réformerons ensemble notre administration publique pour qu’elle soit plus efficace et efficiente et mieux adaptée au développement. Et nous créerons un environnement plus favorable au secteur privé avec notamment des textes de règlementaires et législatifs plus simples et plus lisibles. Des services de base (eau, électricité, télécommunication, terrain) seront davantage disponibles aux investisseurs. Enfin, nous favoriserons la mise en place des partenariats publics - privés, véritables instruments de mobilisation des financements pour des investissements plus volumineux.
Tout ceci ne sera possible que si une véritable lutte est engagée contre toute forme de corruption, grande comme petite. Mais il est clair qu’il est difficile de réduire la corruption sur nos routes et ailleurs, si celle qui porte sur les milliards de francs cfa de marchés publics n’est pas sanctionnée. Anne Cica, je vous promets donc sur ce plan une République irréprochable.
Chers Compatriotes,
Notre pays est un point de rencontres de plusieurs civilisations ; c’est aussi un carrefour économique et c’est bien là, la base de notre prospérité future. Je veux donc dire à nos frères et sœurs de la sous-région que nous serons des partenaires  fiables car je crois, comme Kuame Nkrumah que « Africa must unite » et j’engagerai notre pays résolument dans cette voie. A nos partenaires du monde entier, je veux dire que nous serons ouverts à la mondialisation pour faire en sorte que nos concitoyens soient du côté des gagnants de ce mouvement et nous resterons ouverts et aux idées et aux technologies nouvelles.
Chers Compatriotes, Mesdames, Messieurs,
Laissez-moi conclure en vous disant simplement ceci : nous commencerons le 1er août 2011, le deuxième cinquantenaire de notre indépendance. Notre peuple a toujours célébré les vertus du savoir, de l’intelligence et du travail, et c’est cela notre richesse ; une richesse qui nous a valu la réputation partout dans le monde de quartier Latin de l’Afrique aux temps des indépendances.
Au moment où je vous dis aujourd’hui Oui, c’est pour vous engager dans le combat pour la reprise en main de notre destin, celui qui fera de notre pays l’un des plus avancés d’Afrique et l’un de ceux qui inscrira le continent parmi les acteurs majeurs de ce monde.
Je propose au peuple béninois un contrat social dont les grandes lignes ont été exposées ici et sont retracées dans le projet de société.
Ce projet se base sur l’assertion que les problèmes posés aux béninois sont liés au développement économique et social. Il se base aussi sur le constat que nous devons gouverner notre pays autrement.
Je souhaite que nous nous engagions autour de ces questions de  gouvernance et de développement. Le béninois du sud comme celui du nord fait face à des difficultés économiques qui sont sans lien avec son ethnie, son appartenance politique ou son religion. Mon projet est de nous unir autour de la résolution de ces questions de manière consensuelle et avec méthode.
A l’heure où j’annonce solennellement ma décision de m’engager dans la course à la présidence de la République du Benin, j’appelle la jeunesse béninoise à se joindre à ce contrat.
A tous les étudiants, à tous les jeunes diplômés, à tous les jeunes cadres, à tous les chômeurs et à tous les jeunes agriculteurs, je vous demande de vous joindre à nous pour définir et mettre en œuvre un agenda favorable à la jeunesse.
J’appelle les femmes béninoises à se joindre à ce contrat pour faire en sorte que demain la société béninoise soit plus ouverte aux préoccupations des femmes. A Assiba productrice d’huile de palme à Covè, à Noura commerçante à Kandi, à Françoise directrice au ministère des finances à Cotonou, je veux dire que nous devons construire une société plus favorable aux femmes.
Jeunesse béninoise, femmes béninoises, prenons en main notre destin : en rendant justice à nos anciens et devanciers qui ont conduit notre pays ces dernières années, demandons leur de nous faire bénéficier de leurs conseils qui nous permettront de bâtir nous-mêmes notre destin et notre avenir.
Finalement, à l’ensemble du peuple béninois, je veux dire mon optimisme, je veux dire que notre marche en avant sera une marche vers le futur, une marche basée sur notre histoire, notre culture, et nos espoirs ; en définitive cette marche sera une marche vers un Benin prospère et triomphant.
Vive le Bénin,
Vive l’Afrique,
Je vous remercie.